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GODEHEU ET DE LEYRIT

adressées ; on résolut à Madras de faire une nouvelle tentative pour soutirer de l’argent à quelques-uns des petits princes soumis du Carnate. Mortiz-Ali, gouverneur de Vellore, fut choisi pour cette mission. On se rappelle qu’après la renonciation de Chunda-Sahib, Mortiz-Ali avait été fait nabab du Carnate par Dupleix. Dès que la chute du Gouverneur français lui parut imminente, il se hâta d’abandonner toutes prétentions à ce titre, et fit sa soumission à Mahomed. Il espérait par ce moyen n’être pas troublé dans ses possessions, mais il n’en devait pas être ainsi. Il avait le malheur de passer pour l’homme le plus riche du Carnate, crime qu’on ne peut expier qu’en livrant sa fortune. Il était facile de trouver un prétexte pour l’attaquer : quelques vieilles histoires de tributs arriérés furent exhumées et, presque sans avertissement préalable, un corps de cinq cents Européens et de quinze cents Cipayes, sous les ordres du major Killpatrick, parut le 30 janvier devant Vellore.

Cette ville passait pour être la plus solide forteresse du Carnate. Ses murailles étaient formées d’immenses pierres et étaient renforcées par des bastions et des tour. Elle était entourée d’un fossé large et profond creusé dans le roc ; ce fossé était toujours rempli d’eau, et les alligators y abondaient. Elle commandait la grande route de Mysore, et était, sous d’autres rapports encore, la position la plus importante du Carnate supérieur. De Leyrit aurait fait une faute grave en permettant aux Anglais de s’en emparer ; il s’en garda bien. Il n’eut pas plus tôt connaissance du mouvement de Killpatrick, qu’il dépêcha un messager à Madras pour prévenir le Gouvernement qu’il regardait toute attaque sur Vellore comme une infraction au traité, et qu’il s’y opposerait de toutes ses forces. Il ne se borna pas à cette démarche, et dirigea immédiatement vers cette forteresse un corps de trois cents Européens et trois cents Cipayes, suivis deux jours après de quatre cents Européens et de douze cents Cipayes ; ces troupes avaient ordre de prendre position entre Gingi et Chittaput. Cette démonstration suffit à prévenir l’attaque projetée. Mais, hélas ! il n’y avait plus à Pondichéry un Dupleix pour faire tourner cette affaire au profit de la France ; plus d’éloquence persuasive qui sût convaincre Mortiz-Ali d’admettre des troupes françaises dans Vellore. Ce prince redoutait