Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
379
DÉPLORABLE TACTIQUE DE D’AUTEUIL

de la besogne à une partie de la garnison. Le 14 au matin, rofficier français traversa la rivière, se posta à la pagode, à trois milles à l’Ouest de la ville, et de là ouvrit un feu nourri, qui continua sans interruption jusqu’au 20 ; puis il envoya au capitaine Smith, une sommation de se rendre : un défi fut la seule réponse.

L’intention de d’Auteuil était de tenter l’assaut le 21 au matin ; mais, dans la journée du 20, il reçut avis que Calliaud s’avançait rapidement à la tête de cent vingt Européens et de douze cents Cipayes, pour délivrer Trichinopoly : il jugea qu’il valait mieux différer son attaque afin d’intercepter le corps de Calliaud, et cependant, au lieu de masser la plus grande partie de ses troupes pour écarter celui-ci sur la route tandis qu’un petit contingent suffirait pour surveiller Smith, il résolut d^’adopter l’ancienne tactique, que ses insuccès répétés semblaient avoir rendue chère aux officiers français, d’occuper les forts au Sud et à l’Est de la ville. Comme Astruc et Brennier l’avaient fait avant lui, il prit une position qui s’étendait des Cinq-Rochers au Rocher-Français, et occupa fortement en outre le bois du Derviche, ainsi que les Rochers-Jaune-Doré et du Pain-de-Sucre. Il fermait ainsi à Calliaud le seul côté par lequel il pût arriver à Trichinopoly. Il comptait écraser facilement les Anglais s’ils tentaient de forcer le passage entre les forts. Pour se tenir au courant des mouvements de l’ennemi, il s’était entendu avec quelques espions qui s’étaient joints aux Anglais et avec lesquels il avait établi des moyens de communications.

Cette façon de faire la guerre était bien digne d’un goutteux. Se tenir tranquille et compter sur des espions pour être renseigné ? c’était donner beau jeu à l’activité d’un adversaire qui avait montré sa fécondité en fait d’expédients. Si d’Auteuil avait mûrement réfléchi, il n’aurait pu se flatter que Calliaud serait assez dépourvu de bon sens et de raison pour aller donner tête baissée dans les positions qu’il occupait. Une forte reconnaissance sur la route de Madura aurait forcé Calliaud au combat. Mais quand les gouvernements, confient le commandement de leurs armées à des octogénaires goutteux, ils ne doivent pas espérer cette activité dans Tactiou et cette vigueur à la fois hardie et prudente qui sont pierqae synonymes du succès.