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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

l’armée de ce dernier devant Calcutta et lui avait porté un coup qui avait démoralisé ce chef et l’avait amené à conclure un traité. Se voyant ainsi délivré de son principal ennemi, il pensa que peut-être il ne retrouverait jamais une occasion aussi favorable pour anéantir les Français de Chandernagor ; qu’il serait impolitique de la laisser échapper ; qu’il était encore temps, car quoique les conditions fussent arrêtées, le traité n’était pas signé. Un seul obstacle l’arrêtait : il ne se croyait pas assez fort pour attaquer Chandernagor tant qu’il restait quelque chance pour que le nabab revînt à la charge. Il avait donc usé de divers subterfuges pour traîner les négociations en longueur et retenir les députés à Calcutta, tandis qu’il cherchait à obtenir du nabab la permission d’attaquer leur établissement.

Le nabab refusa son autorisation ; mais la fortune favorisait Clive. Ce refus du nabab pouvant rendre l’entreprise trop dangereuse, il était sur le point de signer le traité, lorsqu’il se trouva en face d’un scrupule imprévu de la part de l’amiral Watson, qui refusa sa signature, se fondant sur ce que Chandernagor n’étant pas un établissement indépendant, était soumis aux autorités de Pondichéry, ce qui nécessiterait une ratification. Le gouvernement de Calcutta, disait-il, était une présidence indépendante qui, en concluant un traité avec un établissement dépendant, s’exposait à le voir déclaré nul. En conséquence, il refusait sa signature. Clive lui proposa alors la seule autre alternative, l’attaque de Chandernagor, mais il refusa de s’y risquer sans le consentement du nabab.

Il était sans doute écrit que Chandernagor devait succomber, car dès le jour suivant, un messager vint annoncer au nabab que Ahmed-Shah-Abdalii avait pris Delhi ; le nabab, atterré, croyant déjà voir les Afghans marcher sur le Bengale, écrivit aussitôt à Clive qu’il lui offrait cent mille roupies par mois pour venir à son secours. Deux jours plus tard, un navire arrivé de Hidgeli parut devant Calcutta pour annoncer que trois vaisseaux de guerre, portant trois compagnies d’infanterie et une d’artillerie, étaient mouillés à l’embouchure, et qu’un autre vaisseau, le Cumberland, était devant Balasore. Ces deux avis dissipèrent toutes les appré-