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IL ACCÈDE AUX PROPOSITIONS DE RENAULT

de Leyrit les ordres les plus positifs de n’attaquer les Anglais en aucun cas. Il se demandait si la politique la plus sage ne serait pas d’exploiter les craintes que causaient aux Anglais la colère du nabab et la possibilité d’une alliance entre lui et les Français, pour leur arracher une convention de neutralité qui mettrait Chandernagor à l’abri du danger. Après beaucoup d’hésitations, et sentant vivement le tort que de Leyrit lui causait par son indolence et son manque d’initiative[1], Renault envoya au Conseil de Calcutta une proposition de neutralité pendant la guerre européenne.

Cette proposition parut un message venant du ciel à Clive et à Watson, qui supposaient l’existence de trois cents Européens dans Chandernagor et de cent dans Kassimbazar, sous les ordres de Law. Ils avaient pu, en remontant l’Oùgli, constater que les soldats du nabab étaient infiniment supérieurs, dans le combat aux recrues de Mahomed-Ali et de Chunda-Sahib. Ils savaient que le nabab, animé par la vengeance, marchait contre eux ; et ils ne se regardaient pas comme certains que la bataille aurait une issue favorable pour eux. Si le nabab devait être renforcé par les trois cents soldats français qu’ils croyaient à Chandernagor, ils ne devaient plus compter sur le succès. Ce fut donc avec un grand soulagement qu’ils reçurent les propositions de Renault.

Ils y accédèrent aussitôt, et l’invitèrent à envoyer des députés à Calcutta pour discuter les conditions. Renault y consentit ; les conditions furent discutées et arrêtées ; le traité, rédigé et copié, n’attendait plus que les signatures, lorsque Clive et Watson, au lieu de le signer, notifièrent aux députés leur intention de marcher avec toutes leurs forces pour détruire l’établissement dont ils avaient ainsi leurré les envoyés !

Il est certain que Clive n’avait, au premier moment, accueilli les propositions de Renault que parce qu’il y voyait un moyen d’empêcher sa jonction avec le nabab ; mais, le 4 février, il avait attaqué

  1. De Leyrit s’est faiblement excusé en alléguant la difficulté d’envoyer des renforts au Bengale, au moment où il attendait l’arrivée d’une flotte anglaise ; cependant Law et ses soixante et un hommes, qui ne partirent qu’en novembre ou décembre, y arrivèrent bien ; pourquoi trois cents hommes n’en auraient-ils pu faire autant ?