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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

On stipula que le Gouverneur, les conseillers et les officiers civils seraient libres d’aller où bon leur semblerait, en emportant leurs propriétés mobilières ; les Jésuites emporteraient leurs ornements d’église ; mais la garnison était prisonnière de guerre. Peu de jours après, la garnison de Kassimbazar, renforcée de cinquante hommes qui avaient réussi à s’échapper de Chandernagor lorsque la reddition était devenue imminente, se retira à Bhagulpore, sous la conduite de Law. Dès lors, ces hommes durent être considérés plutôt comme des aventuriers prenant du service sous les princes indigènes, que comme partie intégrante du pouvoir français dans rinde. Qu’il nous suffise d’établir que Law montra jusqu’au bout le même caractère de faiblesse ; qu’il resta à Bhagulpore pendant qu’on se battait à Plassey ; que quand, après la bataille, un mouvement en avant aurait sauvé Suraj-oud-Dowlah, il ne le fît pas, et qu’il fut fait prisonnier, en 1761, après la bataille de Gyah, où il avait combattu avec bravoure, rachetant ainsi, jusqu’à un certain point, ses nombreuses fautes comme général et comme commandant.

La capture de Chandernagor mit fin à la domination française au Bengale, et fut le point de départ de la suprématie anglaise dans cette province. Elle était indispensable pour les projets de Clive. Avec son expérience de l’état de guerre permanent entre les Français et les Anglais dans le Carnate, il ne crut pas devoir hésiter à profiter des moyens qu’il avait en son pouvoir, pour détruire à tout jamais la possibilité de semblables contestations dans le Bengale. Il traita Chandernagor comme l’aurait fait Dupleix, uni au nabab, s’il eût été à sa place. Ce fut déplorable pour la France que, dans de telles conjonctures, ses intérêts fussent si faiblement défendus et que son représentant à Pondichéry ne possédât ni la prévoyance, ni l’énergie nécessaire pour mettre Chandernagor à l’abri d’un coup de main toujours à craindre. Clive, délivré de toute crainte quant à la rivalité des Français, renversa successivement tous les pouvoirs indigènes de la contrée, et n’arrêta le cours de ses victoires qu’après avoir complété la conquête de la plus riche province de l’indoustan et proclamé l’autorité des lois anglaises de Calcutta à Allahabad. Chandernagor avait reçu le coup mortel, et quoiiiue plus tard il ait été restitué à la France, il n’a pu que vivre du sou-