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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

contre Mysore. Dans une lettre du 16 octobre 1755, Leyrit, écrivant à Dupleix, s’exprime ainsi sur la conduite de Bussy : « La position de M. de Bussy dans le Décan est aussi brillante que jamais. On peut même affirmer que son influence s’est accrue depuis l’expédition de Mysore. Il a accompagné Salabut-Jung dans ce pays, et a si bien conduit les affaires entre lui et le rajah de Mysore, qui était aussi notre allié, que, même en faisant payer à ce dernier cinquante-deux lakhs de roupies, il les a satisfaits l’un et l’autre. Il est maintenant en correspondance avec le grand visir, et a récemment reçu des lettres très-flatteuses du grand Mogol. » On peut découvrir, dans la même lettre, la détermination qu’avait Leyrit de recourir à tous les expédients plutôt que de suivre la voie de division que Godeheu avait tracée. Cependant, malgré cette détermination et la situation favorable de Moracin et de Bussy, il fut bientôt évident que le rappel de Dupleix, le triomphe des Anglais, qui réussirent à faire installer Mahomed-Ali comme nabab, et la politique de non-intervention créée par Godeheu, avaient produit un eff’et funeste sur l’esprit des fiers princes mahométans du Décan. Parmi ceux qui regardaient les derniers événements comme précurseurs de la prééminence des Anglais, le plus considérable était le premier ministre, Shah-Nawaz-Khan, qui devait son élévation à de Bussy et sur qui celui-ci croyait pouvoir compter en toute sûreté. Mais ce grand personnage avait un autre mobile que la reconnaissance. Il devint, comme Syud-Lushkur l’avait été avant lui, jaloux de l’influence exercée par de Bussy dans les conseils du maître ; il n’ignorait pas que les désirs des Français étaient consultés dans toutes les affaires importantes, et que leurs intérêts étaient soigneusement ménagés. Il s’appliqua, avec son calme oriental, à présenter sous ce jour au soubab les transactions qui se faisaient, et n’épargna pas les insinuations pour donner une apparence d’intrigue à toutes les mesures proposées par de Bussy.

L’occasion se présenta bientôt à lui de confirmer dans l’esprit du soubab les vagues impressions qu’il y avait habilement fait naître. Au mois de février 1756, le gouvernement d’Hydérabad résolut d’envoyer une expédition contre le nabab de Savanore, le succes-