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BALLADGI REFUSE D’ASSASSINER BUSSY

II ne tut pas plus heureux auprès du Peshwa. Balladgi reçut avec dédain la proposition d’assassiner Bussy ; mais, dans un but personnel, il encouragea Shah-Nawaz à consommer la disgrâce de Bussy. Il sentait bien que, aussi longtemps que le soubab aurait à son service un officier de cette capacité et des troupes aussi braves et aussi bien disciplinées, le Décan serait à l’abri des desseins ambitieux qu’il avait formés contre lui. Il désirait non-seulement voir Bussy destitué par le soubab, mais encore il voulait chercher à se l’attacher. Il se borna donc à conseiller la destitution, mais n’alla pas plus loin.

La conduite de Bussy à la réception de cette brutale et hautaine destitution, mérite d’être étudiée et admirée. De toutes les voies ouvertes devant lui, il choisit la plus sage et la plus prudente et montra qu’il savait réprimer complètement ses passions. Il connaissait sa force ; il savait qu’avec ses six cents fantassins, ses deux cents cavaliers européens et les cinq mille Gipayes disciplinés dont il disposait, il pouvait défier tous les efforts du soubab ; qu’il pouvait le contraindre à disgracier et à punir d’un châtiment ignominieux tous ceux qui avaient trempé dans le complot formé contre lui ; il savait que, sur un mot de lui, Balladgi inonderait le Décan d’une armée mahratte. Mais il était mû par d’autres mobiles qu’un simple désir de se venger, ou de reprendre sa place par la force. Il ne pouvait oublier que sa position à Hydérabad n’avait été que la conséquence des vives instances du soubab, qu’il avait toujours été considéré, du moins par le monde extérieur, comme conférant une faveur en demeurant auprès du soubab ; en recourant à la force pour se réintégrer dans son emploi, de protecteur sollicité il deviendrait conquérant détesté, et, après avoir perdu tout son prestige, il se verrait, tôt ou tard, mais inévitablement, renversé ! Il savait d’ailleurs que le soubab étant d’un caractère faible, n’agissait que sous l’influence de son entourage ; et qu’avant peu il sentirait l’absence des conseils qu’il était habitué à recevoir de lui et la nullité de ses nouveaux conseillers. Dans ces circonstances, il jugea qu’il était d’une sains politique d’agir comme par le passé, en serviteur du soubab ; d’obéir à ses ordres et à ses instructions, en laissant au temps le soin de sa vengeance. Aussitôt donc qu’il eut reçu le