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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

décret qui la relevait de ses fonctions, il se prépara à se rendre à Hydérabad, pour y attendre le cours des événements.

À peine était-il en marche (25 mai 1756), qu’il fut rejoint par un envoyé de Balladgi, lui apportant ses félicitations d’avoir quitté une nation « aussi perfide et aussi ingrate » que les Mogols, et lui offrant à sa propre cour la même position et les mêmes émoluments qu’il recevait du soubab, avec la même solde pour ses troupes. Mais de Bussy savait bien apprécier la différence qu’il y aurait entre agir comme Tauxiliaire d’un prince habile et capable, ou être l’arbitre et l’instigateur de toutes les affaires publiques du Décan ; il se serait, par son acceptation, isolé de ses compatriotes de Pondichéry, et aurait définitivement jeté le soubab entre les bras des Anglais. Prétextant donc la nécessité où il était de recevoir préalablement des ordres de Pondichéry, de Bussy, tout en témoignant beaucoup d’amitié et de bonne volonté, déclina l’alliance proposée et continua sa route vers Hydérabad. Balladgi, afin de se lier davantage avec un homme qu’il avait en si grande estime et connaissant d’ailleurs les espérances et les intentions de Shah-Nawaz, envoya six mille chevaux sous la conduite de Mulhar-Rao-Holkar, l’un des plus grands chefs mahrattes, pour escorter les troupes françaises jusqu’à ce qu’elles fussent à l’abri de la poursuite du soubab. Sans aucun doute, il avait en ceci un double but, car toute attaque dont les Français seraient l’objet pendant que Mulhar-Rao serait avec eux lui donnerait un prétexte plausible pour intervenir dans les affaires du Décan, et il serait amené à combattre côte à côte avec les Français.

Mais de Bussy ne voulait pas se laisser entraînera des hostilités. Il accepta d’abord l’escorte, puis, au bout de huit jours, il la renvoya avec de nombreux présents et force protestations d’estime. Dès que cette dernière circonstance fut connue de Shah-Nawaz qui, par la crainte de se compromettre avec les Mahrattes, avait jusque-là réprimé ses impatients désirs, il fit partir vingt-cinq mille hommes sous un de ses meilleurs généraux, Meer-Jaffier-Ali, avec ordre d’attaquer et de détruire les Français. Des instructions furent en même temps envoyées à tous les gouverneurs et officiers des provinces, d’entraver par tous les moyens possibles la marche