Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/425

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
405
LAW MARCHE AU SECOURS DE BUSSY

C’était le même Law[1] que nous avons vu, six ans plus tôt, combattre Clive et Lawrence devant Trichinopoly, et être réduit, par son incapacité et son mauvais commandement, à se constituer prisonnier de guerre avec ses troupes. Échangé par la suite avec les Anglais, Law fut aussitôt mis aux arrêts, en attendant des ordres de France. Plus tard, on le remit en liberté, mais avec l’intention de ne plus lui confier de commandement important. À l’arrivée de Godeheu, il fut envoyé dans le Décan pour servir sous de Bussy qui, en partant pour Savanore avec le soubab, l’envoya à Moracin. Il est étrange de voir que les mesures prises pour ne pas lui confier de commandement eurent justement pour conséquence de lui faire donner l’importante mission de porter secours à de Bussy.

Law quitta Mazulipatam à la tête de cent soixante Européens, sept cents Cipayes et cinq canons, le 16 juillet, et arriva le 20 à Beizwarra, sur la rive septentrionale du Kistna : les pluies abondantes et le débordement de cette rivière l’y retinrent heureusement plusieurs jours, car pendant ce temps, la Favorite arriva à Mazulipatam, et les troupes qu’elle amenait purent, sous la conduite de M. d’Arambure, officier très-capable, le joindre avant qu’il se fût remis en marche. Law, comme le plus âgé, prit le commandement du corps entier, et ayant quitté Beizwarra le 3, il arriva le 10 à Mognapara, à environ cinquante-deux milles d’Hydérabad.

Jusqu’ici Law n’avait pas rencontré d’ennemis, mais il n’en devait pas être toujours ainsi. Salabut-Jung était de retour à Hydérabad, et les Français retranchés dans Char-Mahal s’attendaient à ce qu’une attaque suivît de près son arrivée. Mais le soubab écouta de plus sages conseils et au lieu de chercher à enlever la position des Français, il résolut d’intercepter et de détruire le corps qui venait au secours de Bussy, ce qui, pensait-il, entraînerait inévitablement la perte de celui-ci.

Dans des circonstances ordinaires et avec la connaissance du caractère de l’officier qui commandait le renfort, ce plan avait des chances de réussite, et il faut avouer que Shah-Nawaz fit preuve de sagesse en le préférant au projet plus brillant de tenter

  1. Le lecteur voudra bien se rappeler que les événements que nous rapportons sont antérieurs à l’époque de la reddition de Law dans Gyah.