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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

l’assaut de Char-Mahal. Mais il rencontra en de Bussy un homme qui ne se laissait pas jouer et avait en lui-même des ressources inépuisables. Quand Shali-Nawaz avait formé le dessein de perdre de Bussy auprès du soubab, il pouvait compter, il est vrai, sur l’appui d’une majorité numérique parmi la noblesse du Décan ;. mais dans la minorité, des hommes considérables étaient demeurés partisans fidèles de l’alliance française. La seule manière dont ils pussent servir de Bussy, c’était de le tenir au courant de tout ce qui se passait au camp du soubab ; il avait d’autres relations dont il pouvait recevoir des services encore plus efficaces : parmi les vassaux de Salabut-Jung étaient deux chefs mahrattes, Ramchunder-Jadow et Janodgi-Nimbalkur, tenus de le suivre en campagne et qui, à la tête de leurs six mille chevaux, s’étaient toujours jusqu’ici fait remarquer par leur intrépidité et leurs talents militaires. Ainsi Janodgi avait une fois intercepté un corps de six cents Arabes et Abyssiniens qui venait de Surate pour renforcer de Bussy ; il en avait tué cinquante et avait fait les autres prisonniers. De Bussy avait noué une intrigue avec ces deux hommes : il fut convenu qu’ils ne prendraient qu’une part apparente à l’attaque projetée contre Law, et ils promirent d’arborer des bannières particulières indiquant à cet officier qu’il n’avait rien à craindre de leur part. De Bussy envoya aussitôt avis de cette convention à Law.

Avant d’avoir reçu ces dépêches, celui-ci, ignorant le danger qui le menaçait et les moyens employés par de Bussy pour le sauver, était parti de Mognapara le 11, et était entré dans un pays montagneux et boisé dont les nombreux défilés ofiraient à ses ennemis de fréquentes occasions de retarder sa marche. Son avant-garde était formée de quatre cents Cipayes, commandés par Mahmoud-Khan ; puis venait un corps français, et le reste des Cipayes fermaient la marche. Après un parcours de neuf milles, on aperçut sur la route quelques détachements ennemis, et aussitôt les quatre cents Cipayes qui s’étaient laissé corrompre par les intrigues de Murzuffer-Beg, les joignirent comme un seul homme. Aussitôt les Français furent attaqués, et ils ne franchirent le défilé que harcelés par un feu continuel et en essuyant des charges meurtrières. Enfin ils arrivèrent à un terrain découvert où ils firent