Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
409
LAW MARCHE SUR L’ORDRE DE BUSSY

ment et sagement. Non-seulement Nawaz-Khan consacra tous ses soins à se mettre en état de défense, mais il rappela même les troupes qu’il avait fait partir la veille pour aider à la destruction de Law. Celui-ci, à la réception de l’ordre de Bussy, avait donné sur-le-champ le signal du départ, et le 14 à neuf heures du soir, il se mit en marche à la tête de sa troupe, laissant à d’Arambure le poste d’honneur à l’arrière-garde. Ils avaient à parcourir, de Méliapore à la petite rivière de Cingoram, un défilé long de quatre milles et d’un parcours d’autant plus difficile que, pendant les quatre jours de repos qu’il avait pris à Méliapore, l’ennemi y avait fait des travaux. Ce défilé aboutissait à un épais fourré ; entre celui-ci et la rivière, le terrain était comparativement découvert. Il en était de même dans une étendue de six milles entre la rivière et la ville de Hyatnuggur. Une fois arrivés là, rien ne pourrait plus s’opposer à leur jonction avec de Bussy.

Pendant cette longue nuit, les Français firent de vigoureux efforts pour franchir ces quatre milles, mais d’Arambure eut à soutenir le choc de Kandagla, le chef mahratte que de Bussy n’avait pu mettre dans ses intérêts, et qui, s’étant engagé après l’arrière-garde dans la gorge, ne cessa de le harceler. Pendant ce temps, l’avant-garde surmontait, mais lentement et avec de grandes difficultés, les obstacles semés sur son chemin. C’étaient tantôt des arbres abattus, tantôt des positions où l’ennemi était embusqué, tantôt de brusques détours où il fallait manœuvrer les canons sous un feu incessant. Les difficultés étaient si grandes, qu’à l’aube les Français n’avaient avancé que de trois milles.

Il n’en restait plus qu’un à franchir ; avec le jour les attaques de l’ennemi redoublèrent d’intensité. D’Arambure faisait continuellement tirer ses deux pièces de campagne, mais les cavaliers ennemis s’avançaient avec une rare audace jusqu’à la bouche des canons. Enfin, le soleil, en se levant, éclaira l’entrée des Français dans la plaine ; s’étant alors formés, ils laissèrent le corps de Mahrattes déboucher après eux ; puis, quand ils jugèrent qu’il en était sorti un assez grand nombre, ils dirigèrent le feu de toutes leurs pièces sur l’entrée du défilé ; cette décharge eut pour résultat de disperser la plus grande partie des cavaliers ; quelques-uns