Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
PONDICHÉRY MENACÉ PAR LES HOLLANDAIS

Dans cette même année cependant, la guerre éclata entre la France et la Hollande ; les Hollandais parurent déterminés à saisir cette occasion pour réparer la faute qu’ils avaient commise en 1674, en permettant aux Français de se retirer librement de Saint-Thomé. La prospérité de Pondichéry les alarmait, le moment était propice pour y mettre obstacle, les Français étant trop occupés en Europe pour secourir leurs possessions sur la côte de Coromandel, possessions systématiquement négligées depuis leur origine. Les Hollandais, au contraire, avaient des forces considérables dans les mers d’Orient, et, libres de toute crainte d’opposition, ils résolurent d’en faire usage pour étouffer dès son début le jeune établissement français de Pondichéry.

En conséquence, une flotte de dix-neuf vaisseaux de ligne, sans compter les transports et les navires plus petits, parut devant Pondichéry à la fin d’août 1693. C’était un des armements les plus imposants qui eussent jamais navigué sur les mers de l’Inde. Cette flotte portait quinze cents soldats européens, deux mille marins également européens, outre les Chingalais, indigènes à la solde de la Hollande. Elle amenait seize canons de bronze, six mortiers et un équipage de siège. Néanmoins les Hollandais, ne se confiant pas encore complètement à leurs propres forces, avaient offert à Ram-Raja, nommé régent des Mahrattes à la mort de Sambadgi, de lui acheter le district de Pondichéry. La réponse de Ram-Raja est digne d’être rapportée : « Les Français, dit-il, ont honorablement acheté Pondichéry et l’ont payé une somme considérable ; tout l’argent du monde ne me donnerait pas la tentation de les en déloger[1] » Mais, quand la flotte hollandaise parut devant Pondichéry, le noble Mahratte se trouva dans l’impossibilité d’user de son influence en leur faveur ; lui-même fut enfermé dans la forteresse de Gingi, dont la prise était le but des désirs d’Aurengzeb. Pendant le siège, le pays environnant tomba sous l’influence du pouvoir prépondérant des Mogols, qui n’hésitèrent pas, sur la demande des Hollandais, à leur vendre le district de Pondichéry

  1. Mémoires, dans les Archives de la Compagnie des Indes, Duff’s History of the Mahrattas.