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LES PREMIERS FRANÇAIS DANS L’INDE

auprès d’eux ; pour plus de sûreté cependant il expédia par mer à Madras toutes les valeurs de la compagnie. Ensuite il pria un petit chef indigène[1], qui avait fait sa soumission à l’invincible Mahratte, de lui représenter qu’il était tout disposé à reconnaître l’autorité de Sevadgi et à payer les sommes nécessaires pour obtenir la permission de trafiquer dans ses domaines. Cette requête accompagnée de riches présents réussit pleinement. Sevadgi, qui n’était jamais pressé d’attaquer les Européens et n’avait en cette occasion aucune animosité personnelle à satisfaire, accorda tout ce qui lui était demandé à la seule condition que les Français ne prendraient part à aucune opération militaire contre lui. La négociation était à peine terminée que la nouvelle de l’invasion de Golconde par les Mogols entraîna Sevadgi dans la direction du Nord ; de sorte qu’à peine le danger passé, Pondichéry se trouva dans une sécurité complète.

À partir de ce moment, les affaires marchèrent tranquillement pendant quelque temps. Néanmoins, après l’invasion de Sevadgi, Shere Khan, le vieil ami et le protecteur de la colonie naissante, semble avoir été constamment occupé de guerres assez malheureuses. Aussi les Français commencèrent-ils à penser qu’il était temps de réclamer à Shere Khan, pendant qu’il était encore dans le cas de les rendre, les sommes qu’ils lui avaient avancées en 1674, et qui s’élevaient à huit mille roupies ; Martin lui signifia donc ses désirs d’une manière amicale. Shere Khan, incapable de payer en argent comptant, lui abandonna en compensation le revenu des terres du district de Pondichéry, et lui fit une cession absolue de la ville elle-même, arrangements très-avantageux pour les intérêts français. Martin s’occupa avec une nouvelle activité d’améliorations de toute nature ; ses soixante Européens étaient maintenant réduits à trente-quatre, mais il ne désespérait pas du succès. Il continua à bâtir des maisons, des magasins et au commencement de 1689, il obtint, non sans peine, la permission de Sambadgi, fils de Sevadgi de transformer ces ouvrages de défense en fortifications régulières[2].

  1. Guyon en parle comme d’un Brahmine habitant Pomlichéry.
  2. C’est une tradition de Pondichéry que ces défenses furent conçues at exécutées par un capucin, le Père Louis.