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BUSSY RÉINSTALLÉ À LA COUR DU SOUBAB

Une heure plus tard, l’arrivée d’un envoyé du soubab, porteur de propositions d’accommodement, vint prouver à de Bussy qu’il n’avait pas été trop présomptueux en voulant maintenir sa position à Hydérabad. Comme en 1753, à Aurungabad, il se sentit de nouveau maître absolu de la situation. Cette fois encore, il montra un tact sans pareil et un jugement d’une grande justesse en n’étant pas trop sévère sur les concessions que la situation lui aurait permis d’exiger. Il désirait revenir à son poste sur l’invitation du soubab, et effacer par son attitude de déférence tout souvenir de ces trois mois, si ce n’est la conviction qui en devait résulter, pour le soubab, de l’invincibilité des Français et de l’absolue nécessité de leur appui pour le trône royal. Il n’exigea pas d’autres conditions que l’abandon de Murzuffer-Beg et du déserteur Mahmoud-Khan ; il ne stipula même pas la destitution de Shah-Nawaz-Khan ; il devait reprendre sa position passée, comme officier du Décan, n’ayant au-dessus de lui que Salabut-Jung. Ce fut dans ces termes que s’effectua la réconciliation, et le 20 août, juste trois mois après sa destitution, de Bussy fat publiquement réinstallé dans tous ses titres, dignités et honneurs.

Jamais peut-être un homme d’État ne s’est vu exposé à tant de difficultés et à d’aussi rudes épreuves en un laps de temps aussi court. Et nous ne croyons pas nous tromper en avançant qu’une seule fausse démarche eût suffi pour entraîner sa ruine. Mais, quelque minutieusement que nous examinions tous ses actes pendant cette période critique, il nous est impossible d’y découvrir la trace de la moindre erreur. Dès le début, et malgré toutes les tentatives qui pouvaient l’entraîner dans une mauvaise voie, jamais il ne fit que ce qui était juste et bien. Le refus qu’il fit de l’alliance et de l’aide des Mahrattes ; sa marche sur Hydérabad ; sa détermination d’y demeurer au lieu de se porter dans les provinces cédées ; sa demande au Gouvernement de Pondichéry et de Mazulipatam d’ordonner des renforts, non pour couvrir sa retraite, mais pour le rejoindre à Hydérabab ; son ordre formel à Law de marcher ; le choix qu’il fit de Char-Mahal ; les moyens qu’il employa pour occuper la principale armée ennemie pendant que Law se rapprochait ; son ferme refus de traiter à d’autres conditions qu’un réta-