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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

blissement absolu des choses dans leur état antérieur : tous ces actes prouvent qull était un général et un homme d’État de premier ordre. Nous n’avons plus à nous étonner de sa grande influence et de sa réputation plus grande encore ; nous ne serons pas surpris de voir évoquer son nom, comme un obstacle invincible, par les principaux personnages qui s’opposaient en Angleterre à un agrandissement dans le Bengale : il devait, selon eux, paralyser tous leurs mouvements, et, au moment où l’on s’y attendrait le moins, les précipiter dans la mer. Nous ne pouvons trop admirer le tact, le jugement, le sang-froid, l’adresse et la valeur dont cet homme fit preuve, non au faîte de la prospérité, mais dans les circonstances les plus difficiles et les plus graves ; non quand il avait tout le loisir de délibérer, mais quand la pression des événements était à son comble et que la gloire ou la honte dépendait de la décision d’un moment.

Après l’avoir vu vaincre des difficultés sans exemple et triompher d’obstacles qui paraissaient insurmontables, un observateur critique ne doit pas passer sous silence l’immense importance qu’eurent pour l’Angleterre les événements qui s’étaient succédé dans ces derniers trois mois. Nous avons dit que les Anglais se préparaient alors à reconquérir le Bengale ; que leurs opérations contre Calcutta commencèrent à la fin de décembre et contre Chandernagor au milieu de mars ; que pendant ce temps Madras était dépourvu de troupes et que beaucoup de places fortes de cette présidence durent tomber au pouvoir des Français ; que la nouvelle de la déclaration de guerre parvint à Pondichéry en novembre. Il est aisé de se figurer quel rôle de Bussy, en paix avec le soubab et sûr de sa position à Hydérabad et dans les provinces cédées, aurait pu jouer au Bengale ou à Madras. Rien n’aurait pu l’empêcher d’opérer contre Madras, même de concert avec les autorités de Pondichéry, ou de s’avancer rapidement avec huit cents ou mille vétérans européens, par Orissa, dans le Bengale. Sa campagne de trois mois au cœur du Décan put seule l’empêcher de tenter l’une ou l’autre de ces deux entreprises. Quoique, en fin de compte, il fût demeuré vainqueur, son union confidentielle avec le soubab et les liens qui rattachaient aux autres chefs avaient été, pendant cet intervalle,