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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

Bussy, et le fit assassiner. Dans le tumulte qui s’en suivit, Shah-Nawaz-Khan fut tué, et Nizam-Ali ne sauva sa tête qu’en fuyant à Burhampour, à cent cinquante milles au Nord d’Aurungabad. La disparition de Nizam-Ali simplifiait les arrangements projetés : on tenta de le poursuivre, mais un contre ordre fut aussitôt donné, et de Bussy, plus affermi que jamais dans son poste, se prépara à accompagner le soubab et son nouveau ministre à Hydérabad. Il y arriva le 15 juillet, et y trouva une lettre en date du 13 juin, par laquelle le comte de Lally lui enjoignait de se rendre immédiatement à Arcate, en ne laissant aucun Français auprès du soubab : il n’en devait rester que le nombre strictement nécessaire pour maintenir l’ordre dans les provinces. Il devait céder le commandement de ces troupes à M. de Conflans, jeune officier récemment arrivé d’Europe, qui venait de le rejoindre pendant sa marche, et amener avec lui Moracin, qui avait jusqu’ici administré les affaires de Mazulipatam,

Cette lettre fut un coup de foudre pour de Bussy, et aussi pour Salabut-Jung. Le premier devait abandonner l’œuvre à laquelle il avait consacré sept années et demie de sa vie ; il fallait qu’il laissât aussi à elle-même cette province à laquelle Dupleix attachait tant de prix que, pour la conserver, il n’avait pas hésité à risquer la perte du Carnate. Et cela, après avoir déployé son infatigable énergie à un degré vraiment surhumain. Il n’avait cependant pas le choix ; il fallait obéir[1]. Mais le soubab, qui s’appuyait depuis si longtemps sur de Bussy et qui tout récemmement encore avait constaté l’avantage que lui offrait son alliance, ne pouvait s’empêcher de considérer son départ comme un événement funeste. Il prit congé de Bussy, écrit M. Orme, avec le plus grand désespoir, l’appela l’ange gardien de sa vie et de sa fortune, et prédit le triste sort auquel il serait exposé quand il aurait perdu ce fidèle allié. Mais il n’y avait pas de remède à ce malheur. De Bussy chercha toutefois à le consoler par la promesse d’un retour qu’à

  1. Dans sa réponse, datée du 12 juillet, de Bussy s’exprime ainsi : « Je m’empresse de répondre aussitôt à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 13 juin et que j’ai reçue hier soir à neuf heures. Il y a une chose, Monsieur, que j’ai toujours su mieux faire que toute autre : c’est d’obéir ; et quoique vos ordres me jettent dans la plus grande perplexité à cause de la terrible situation où je suis, je vais les exécuter avec la plus grande célérité. »

    (Mémoires pour de Bussy)