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ATTAQUE DU FORT SAINT-DAVID

mille du chemin couvert et se protégeant l’un l’autre. Il était nécessaire de se rendre maître de ces forts avant d’ouvrir des tranchées. La garnison du fort se composait de six cent dix-neuf Européens[1], dont quatre-vingt-trois pensionnés, et d’environ seize cents Cipayes et Lascars. Les fortifications, surtout celles des deux forts extérieurs, avaient été réparées et considérablement accrues pendant les huit mois qui s’étaient écoulés depuis l’arrivée de Soupire jusqu’à l’investissement. Les troupes que commandait Lally s’élevaient à seize cents Européens et six cents indigènes de toutes armes.

Les quatre forts dont nous avons parlé furent le but des premières attaques de Lally. Ils furent pris d’assaut l’épée à la main dans la nuit du 17, quoique, sans cause connue, les canons et les mortiers attendus de Pondichéry, et sur lesquels il comptait pour décider le succès, lui eussent fait défaut. Dans la soirée du lendemain les tranchées furent ouvertes à moins de quatre cents mètres du glacis. Dès ce jour jusqu’au 2 juin, le siège se poursuivit avec de grandes difficultés de part et d’autre. Dans le camp français il y avait pénurie d’argent, de vivres, de canons, de munitions et de transports. Lally et Leyrit échangèrent les lettres les plus aigres ; l’un accusait et menaçait, Fautre affirmait constamment que ses ressources étaient épuisées. Dans le fort, la discipline était relâchée, les désertions fréquentes, la défense était devenue sans espoir si l’on ne recevait du secours de la flotte anglaise. Avec une telle situation, on peut se rendre compte des sentiments dont fut animé Lally, en apprenant, le 28 mai, que la flotte anglaise avait passé devant Pondichéry, paraissant se diriger sur le fort Saint-David ; que les marins français avaient unanimement refusé de se rendre à leur bord sous prétexte qu’ils n’avaient pas reçu leur paye, et qu’alors d’Aché avait annoncé son intention d’ancrer ses vaisseaux en rade et sous la protection de Pondichéry.

Quoique Lally sentît à quel point sa présence était nécessaire devant la place assiégée lorsqu’il apprit cette détermination d’abandonner la mer aux Anglais, il se décida à retourner aussitôt

  1. Parmi ceux-ci, il y avait deux cent cinquante marins.