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DERNIÈRE LUTTE

à Pondichéry, en se faisant accompagner de quatre cents Européens et de deux cents Cipayes. À son arrivée, il assembla un conseil, ordonna de distribuer aux marins soixante mille livres sur ses propres fonds, les embarqua avec les six cents hommes qu’il avait ramenés, et persuada à d’Aché de prendre la mer. Il retourna ensuite à son poste devant le fort Saint-David. Le résultat répondit à ses prévisions : la présence de la flotte française empêcha toute communication entre l’amiral anglais et le fort ; ce dernier, abandonné à ses propres ressources et vigoureusement pressé par Lally, capitula le 2 juin, et sa garnison fut prisonnière de guerre. Les fortifications furent immédiatement rasées.

Ainsi, cinq semaines s’étaient à peine écoulées depuis son débarquement, et Lally, malgré des difficultés inouïes, presque incroyables, et certes impossibles à prévoir, avait accompli une des parties de son programme. Il avait chassé les Anglais d’un de leurs principaux établissements, celui qui était depuis longtemps le siège de leur gouvernement, qui avait résisté aux efforts de Dupleix, et dont Lawrence et Clive étaient sortis pour vaincre les armes françaises à Trichinopoly. Mais il ne s’arrêta pas là : le jour même de la reddition, le comte d’Estaing fut détaché à Devicotta, que la garnison anglaise, forte seulement de trente Européens et six cents Cipayes, abandonna à son approche sans avoir tenté de se défendre. Pendant le cours de ces opérations, d’Aché débarqua au fort Saint-David et dîna avec Lally, qui saisit ce moment pour lui communiquer ses nouveaux desseins. Le moment était venu, dit-il, d’attaquer Madras ; la place n’était pas fortifiée, la garnison faible, et le conseil découragé par la prise du fort Saint-David. Si d’Aché consentait à agir de concert avec lui, à prendre ses troupes à bord pour les débarquer soit à Madras même, soit sur la côte élevée d’Alumparva, déjà au pouvoir des Français, le succès n’était pas douteux. Mais, à sa grande douleur, d’Aché refusa son concours. Mû par le même esprit qui lui avait fait différer si longtemps son voyage pour tirer parti du petit navire qu’il avait capturé, d’Aché allégua que son rôle était de croiser aux abords de Ceylan pour intercepter les bâtiments de commerce anglais qui s’aventureraient dans ces parages. À toutes les remontrances de Lally, il opposa son manque de provisions et