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DERNIÈRE LUTTE

payement du billet de cinquante-cinq laklis de roupies donné à Chunda-Sahib et cédé par son fils, Rajah-Sahib, à Dupleix. « Vous obtiendrez ainsi, dit le Père Lavaur à Lally, les moyens d’équiper des troupes contre Madras, et vous accroîtrez considérablement votre influence. » Ce plan ne souriait pas à Lally ; ses yeux étaient fixés sur Madras ; tout ce qui pouvait en détourner sa pensée lui était antipathique. Une expédition contre Tanjore faisait une diversion à la ligne droite qu’il s’était tracée et qu’il ne perdait jamais de vue, celle qui tendait à l’expulsion des Anglais de l’Inde. Mais, encore une fois, il était sans secours. Si d’Aché et les autorités de Pondichéry ne le secondaient, il ne pouvait marcher sur Madras. Ce ne fut donc qu’à regret et dans le seul espoir de se procurer les ressources dont il manquait qu’il consentit à marcher sur Tanjore. D’Aché avait mis à la voile pour effectuer la croisière qu’il projetait et était arrivé le 16 juin à Karical, devant en repartir le lendemain. Mais une incroyable fatalité semblait présider, à cette époque, à toutes les affaires de la France.

Si d’Aché était parti de Karical le 17, comme il le devait, il aurait, à coup sûr, intercepté deux navires anglais qui apportaient à Madras une partie des espèces que l’Angleterre envoyait annuellement. Cette prise aurait été plus que suffisante pour que Lally put équiper son armée à destmation de Madras. Malheureusement pour la cause française, les membres du Conseil de Pondichéry avaient éprouvé une telle terreur à l’idée de se trouver exposés à une attaque de la flotte anglaise pendant l’absence que projetait Lally, qu’ils envoyèrent un message pressant à d’Aché pour qu’il revînt les protéger. Il reçut cette dépêche le 16, et plus empressé de condescendre aux désirs du Conseil qu’à ceux de Lally, il se laissa persuader de renoncer à la croisière, et retourna à Pondichéry. Il en résulta que les navires anglais, qui n’auraient pu lui échapper s’il s’était dirigé vers le Sud, arrivèrent sans encombre à Madras.

Le lendemain, Lally partait pour Tanjore à la tête de seize cents Européens et d’un nombre proportionné de Cipayes, laissant six cents Européens et deux cents Cipayes dans un camp retranché que commandait Soupire, entre Pondichéry et Alumparva. Jamais les domaines d’un prince indigène n’avaient encore été