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PRISE DU FORT SAINT-GEORGES PAR LES FRANÇAIS

d’Estaing, et Lally suivait de près avec le principal corps. Le 13, l’armée étant campée dans la plaine, Lally employa la journée à reconnaître le fort et la ville noire. Ayant réussi à sa satisfaction, il détacha le chevalier de Crillon, avec le régiment de Lally, pour s’emparer de la ville noire, ce qui fut accompli sans pertes importantes, les postes étant abandonnés à mesure que les Français s’avançaient. Ce succès donna lieu à une grande indiscipline, car la ville était riche, et Lally n’avait pas assez de troupes pour faire respecter ses ordres par dix mille maraudeurs dont l’armée était suivie. Il y eut un pillage effréné : on évalue à quinze millions de francs les valeurs dérobées[1]. Le seul profit qu’en retira la caisse militaire fut une contribution de quatre-vingt-douze mille francs, payée par un Arménien, que Lally avait sauvé du pillage, et par le chef indou d’Arni,

La ville étant occupée, la brigade de Lorraine et celle des troupes de la Compagnie furent postées sur sa droite, vers la mer ; la brigade de Lally et celle des marins s’établirent sur le terrain en pente, à gauche de la ville, dans quelques bâtiments appartenant aux Capucins. Le lendemain matin, vers dix heures, tandis que Lally, accompagné de Bussy et de d’Estaing, faisait une reconnaissance sur la gauche, il reçut l’avis, confirmé aussitôt par le bruit de la mousqueterie, que les Anglais faisaient une forte démonstration contre sa droite. Quoique séparé de ce point par un marécage large de deux cents mètres et un petit ruisseau, d’Estaing s’élança au galop vers le lieu du combat ; en s’approchant, il aperçut des troupes que leur uniforme écarlate lui fit prendre pour les volontaires de Bourbon qui portaient cette couleur. Il allait se mettre à leur tête et en prendre le commandement ; mais à peine avait-il reconnu son erreur, qu’il se trouva prisonnier des Anglais. Bussy, qui le suivait, n’eut que le temps de faire volte-face pour éviter le même sort et rejoignit le régiment de Lally, tandis que le général, accompagné d’un aide de camp et d’un officier de volontaires, réussissait à gagner le théâtre de l’action. Ils apprirent que les officiers du régiment de Lorraine avaient bien observé l’ap-

  1. Mémoires pour Lally