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DERNIÈRE LUTTE

ment les Anglais qui, toutefois, ne franchirent le pont qu’après avoir eu plusieurs hommes tués et trente-trois faits prisonniers.

Cette occasion ainsi perdue, le reste du corps anglais réussit à regagner le fort. Ses pertes étaient considérables ; elles s’élevaient, selon les rapports anglais, à six officiers et deux cents hommes dont cent trois prisonniers. Les pertes des Français étaient encore plus importantes, car s’ils n’avaient pas plus de deux cents tués ou blessés, ils étaient privés de deux de leurs meilleurs officiers ; le brave d’Estaing était prisonnier, et Saubinet, non moins vaillant, était mortellement blessé. C’était un officier de la Compagnie des Indes, plein de talent, d’avenir et toujours des premiers à affronter le danger.

Le même jour, Lally établit son quartier général dans la ville noire, et attendit impatiemment ses canons de gros calibre. Mais avant qu’ils fussent arrivés, les dépenses de la campagne avaient presque épuisé les sommes réalisées par la prise de la ville. Ce fut à cette époque que la frégate la Fidèle arriva à Pondichéry, apportant un million de francs. Elle aurait dû en apporter deux, mais elle avait touché à l’Île de France peu après le retour de d’Aché, et cet officier, dont le patriotisme égalait l’incapacité, n’avait pas craint de s’approprier un million pour le service de l’escadre, qu’il vouait à l’inactivité, et avait laissé la frégate continuer sa route avec l’autre million. Elle arriva à sa destination le 21 décembre, juste en temps pour décider Lally à ne pas se contenter de piller et de dévaster les environs de Madras et à commencer le siège régulier. L’arrivée de ses canons lui permit bientôt de compléter ses préparatifs. Son artillerie consistait alors en vingt pièces de douze, dix-huit et vingt-quatre, et dix mortiers de huit et de douze. Ces pièces furent mises en place, et une nouvelle parallèle fut ouverte à cinq cents mètres de la place. Il avait résolu d’attaquer le fort du côté opposé à celui qu’il occupait, quoique ce fût en apparence plus difficile ; mais il s’était assuré, sur le terrain, que les approches en seraient plus faciles, et d’ailleurs, comme il l’avait expérimenté le 14, les rues tortueuses de la ville noire lui offraient un véritable moyen de défense contre les sorties du fort.