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DIFFICULTÉS ÉPROUVÉES PAR LALLY

Mais Lally reconnut bientôt l’impossibilité qu’il y avait à accomplir rien d’important avec une armée désorganisée, désaffectionnée et commandée par des officiers dont la majorité était mauvaise.

Ces difficultés et les obstacles qu’il rencontra pendant les vingt premiers jours du siège, auraient suffi pour décourager un homme ordinaire. Beaucoup de ses soldats abandonnaient le travail des tranchées pour chercher des richesses dans les maisons inhabitées de la ville noire et s’enivrer ensuite. Plusieurs officiers, loin d’arrêter leurs hommes, ou au moins de remplir leurs devoirs personnels, s’occupaient à garder les magasins qu’ils s’étaient appropriés. Il arrivait de Pondichéry une foule d’individus qui ne craignaient pas de contrefaire la signature du général afin d’obtenir des bateaux pour emporter leur butin. Les bêtes de somme du service de l’artillerie étaient même détournées de cet emploi par quelques officiers, pour transporter des denrées et du mobilier. Lally ne pouvait, à lui seul, réussir à mettre un frein à ces désordres. La pénurie d’officiers capables le forçait d’être constamment présent dans les tranchées. Des cinq ingénieurs venus de France avec lui, il n’en restait plus que deux ; le plus âgé était paresseux et inutile, l’autre avait, sous la direction de Lally, le soin des tranchées. Sur six officiers d’artillerie, trois avaient été tués dans les trois premières semaines du siège, deux étaient dans le parc d’artillerie, et le dernier était presque un enfant. Quant aux officiers supérieurs, ils étaient retenus auprès de leurs brigades respectives. C’était donc sur Lally seul que retombait la lourde tâche de diriger toutes les opérations du siège, et il s’y dévoua avec un zèle et une énergie qui ne pouvaient être surpassées, car il ne faut pas oublier que son attention devait encore s’étendre sur d’autres matières. Les Anglais n’avaient perdu aucun temps pour tirer parti des avantages que leur offrait la position de Chingleput. Les troupes qui gardaient ce poste sortaient fréquemment pour harceler les Français par derrière et sur leurs flancs, et entraver leurs communications avec Pondichéry ; le major Calliaud, envoyé à Tanjore, réussit à obtenir du rajah un secours de six cents hommes, qu’il amena sur le théâtre de la lutte, et dont un quart était de la cavalerie. Un partisan, Mahomed-Isouf, en amena deux mille autres. Ces divers