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DERNIÈRE LUTTE

détachements, manœuvrant autour de la position occupée par Lally, le tenaient continuellement sur le qui-vive. On les chassait, mais, semblables à des guêpes, ils revenaient aussitôt. Une des circonstances qui ajoutaient encore aux difficultés de la position, c’est que toute la poudre nécessaire pour le siège devait être apportée de Pondichéry à travers un pays qui fourmillait d’ennemis, dont les déprédations s’étendaient jusqu’aux portes mêmes de la ville. Outre ces ennemis extérieurs, il y avait dans les murs de Madras deux cents déserteurs français qui montaient sans cesse sur les remparts, portant d’une main une bouteille de vin et de l’autre une bourse, pour inviter les soldats français à suivre leur exemple. Il ne se passait guère de jour qu’il ne tombât dans le camp français des flèches auxquelles étaient attachés des messages, pressant les soldats de déserter. Enfin, le 2 janvier, après avoir rencontré et vaincu d’innombrables obstacles, on réussit à ouvrir le feu de deux batteries portant le nom des deux brigades de Lally et de Lorraine auxquelles elles appartenaient. Elles le continuèrent, d’une manière presque incessante, pendant quarante-deux jours ; durant ce temps, une grande partie de l’armée était journellement engagée dans des escarmouches, dont le succès variait, avec les partisans de l’ennemi ou avec les troupes que commandaient Calliaud, venu de Tanjore, et Preston de Chingleput, ou encore à repousser les fréquentes sorties de la garnison. Enfin la crise approchait. La garnison reçut avis, au commencement de février, que la flotte de l’amiral Pocock était partie de Bombay et arriverait infailliblement sous peu de jours. D’un autre côté, une brèche était ouverte dans la muraille, et Lally, qui connaissait le prix de la promptitude dans les actes, se détermina à livrer l’assaut. Mais à ce moment il eut la douleur de voir tous ses desseins traversés par la lenteur ou la négligence de ses officiers. Les ingénieurs et les officiers d’artillerie déclarèrent que, quoique la brèche fût tout à fait praticable, cependant, a eu égard à la situation des choses et à notre force comparée à celle de l’ennemi, » un assaut causerait la destruction de beaucoup de soldats, sans aboutir à rien. Ces officiers ne se contentèrent pas d’écrire ainsi au général, ils ne tinrent pas leur opinion secrète dans le camp, et affirmèrent que tenter l’assaut, c’était marcher à