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DERNIÈRE LUTTE

Ainsi échoua la grande entreprise à laquelle Lally s’était consacré et à laquelle il avait voué toute son énergie de corps et d’esprit. On dit que cet échec était dû plus à ses défauts de caractère, et à la manière hautaine et blessante avec laquelle il traitait ses subordonnés, qu’à toute autre cause : cependant cela n’excuse pas les officiers coupables qui devaient n’écouter que la voix du devoir. Mais, après nous être livré à un examen sévère des faits de la cause, au moyen de la correspondance échangée entre lui et Leyrit, nous arrivons à cette conclusion que, quelque grandes que pussent être les imperfections de son caractère, quelque violent et irritable qu’il fût à l’égard d’autrui, ceux qui en prirent occasion pour trahir leur patrie en négligeant leur devoir furent, bien plus que Lally, les auteurs et les causes de la défaite. Lally, du moins, se conduisait en soldat : toutes ses pensées, tous ses efforts étaient pour son pays. Mais les Conseillers de Pondichéry firent tout le contraire. Révoltés d’avoir vu la main ferme de Lally déchirer le voile qui couvrait leurs dilapidations, aussi bien que du ton avec lequel il leur avait démontré que le premier de leurs devoirs était envers la patrie, ils ne lui donnèrent aucune aide et gaspillèrent entre eux les fonds qui leur étaient envoyés pour les besoins de la guerre. Disons plus : ils trouvaient un plaisir, qu’ils ne prenaient pas la peine de déguiser, à traverser tous ses projets. Leur mauvais vouloir était poussé au point que, dans leur haine contre un individu, ils perdirent tout reste de patriotisme, et la retraite de Madras fit éclater à Pondichéry les transports de la joie la plus indécente. Il n’est pas présumable que des hommes qui pouvaient se réjouir des revers de leur patrie, parce que ces revers humiliaient Lally, eussent voulu faire le moindre sacrifice pour atteindre à un résultat tout opposé. Non, assurément, et c’est bien plus sur eux que sur Lally que doit retomber la responsabilité de Téchec subi devant Madras.

Les armes françaises n’avaient pas été plus heureuses sur une autre partie de la côte. Nous avons dit que Bussy et Moracin,


    j’aimerais mieux aller commander les Caffres de Madagascar, que de rester dans cette Sodome (Pondichéry) que tôt ou tard le feu des Anglais, à défaut de celui du ciel, détruira inévitablement. »