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CONSÉQUENCES DU DÉPART DE BUSSY

appelés à Pondichéry par Lally avaient dû, quoique avec un profond regret, quitter le Décan et les provinces nouvellement cédées en remettant au marquis de Conflans le gouvernement de Mazulipatam et de ses provinces, au mois d’août 1758. Ils laissaient sous les ordres de cet officier un corps d’environ cinq cents hommes, force bien suffisante pour maintenir tout le pays dans la soumission, si elle avait eu un chef expérimenté comme Bussy. Mais Conflans n’avait ni le talent, ni le tact, ni l’expérience de son prédécesseur. Il ne connaissait pas le pays, non plus que la manière de traiter avec les seigneurs féodaux. Beaucoup de ceux-ci, ne sentant plus la main d’un maître et voyant diminuer les troupes européennes, résolurent de frapper un grand coup pour briser le joug des Français ; ils ne se rendaient pas compte qu’ils ne feraient probablement que l’échanger contre celui des Anglais. Peut-être aussi, en voyant combien ces deux puissances étaient en balance dans le Carnate, crurent-ils d’une sage politique de sacrifier l’une pour l’autre. Quoi qu’il en pût être, trois mois après que Bussy eut quitté le Décan, le rajah Anunderaj, chef de Chicacole et de Rajamundry, levant l’étendard de la révolte, prit possession de Vizagapatam, pilla la factorerie, emprisonna l’agent français, hissa les couleurs anglaises, et demanda l’aide de Madras. Cette ville, menacée par Lally, ne pouvait envoyer aucun secours, et le rajah s’adressa, en désespoir de cause, à Clive. Personne n’était plus habile que Clive à saisir les occasions ; personne ne savait mieux que lui quels avantages découleraient infailliblement de la possession des Circars. Dédaignant l’avis de son conseil, qui regardait une intervention de ce côté comme un acte de folie, il écrivit au rajah, lui promettant un prompt secours, et, le 12 octobre, il expédia par mer le colonel Forde, à la tête de cinq cents Européens, deux mille Cipayes et seize canons. La vérité est qu’après cet envoi il ne lui restait guère au Bengale que trois cents Européens, et cela, à l’époque où des sentiments hostiles se manifestaient à la cour de Meer Jaffier et où Béhar était menacé par les forces réunies du fils de l’empereur de Delhi et du nabab d’Oude. Pour agir ainsi, il fallait toute l’énergie et l’intrépidité du fondateur de l’empire britannique dans l’Inde.