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BRAVOURE ET TALENT DE FORDE

avec une partie de ses forces. Toutes les difficultés n’étaient cepen dant pas aplanies devant Forde. La longue alliance de Salabut-Jung avec les Français et la nouvelle que le principal établissement des Anglais était assiégé, se réunissaient pour rendre sa position difficile et dangereuse. Il fallut toute l’incapacité de son adversaire pour qu’elle ne devint pas funeste. Quoique abandonné par les alliés indigènes, Forde, qui connaissait parfaitement la science de la guerre dans l’Inde, continua de s’avancer vers Conflans, et le commandant français, qui eût pu, en appelant des secours de ses garnisons, lui opposer une force supérieure, se trouva bientôt assiégé dans Mazulipatam. Jugeant sainement la valeur de la force morale dans la guerre, il ne se laissa entraîner à quitter sa position, ni par la reprise de Rajamundry, ni par la nouvelle que Salabut-Jung était en marche pour l’écraser, avec quinze mille chevaux et vingt mille hommes d’infanterie. Néanmoins, plus le temps s’avançait, plus sa position devenait embarrassante. Au commencement d’avril, elle était presque désespérée. Devant lui Conflans avait accru ses forces dans Mazulipatam, toujours assiégé ; sur sa droite, à Beizwarra, à quarante milles de dislance se trouvait l’armée du soubab, prête à l’anéantir. Plus loin, un corps de deux cents Français, commandés par M. du Rocher, s’occupait de lui couper les communications. Dans un pareil état de choses, un homme faible eût probablement tenté la retraite, quelque dangereuse qu’elle pût être ; mais Forde, qui ne péchait pas par la faiblesse, à un mouvement rétrograde, préféra la chance de la mort, en livrant l’assaut. Sans même savoir si les brèches étaient praticables, et avec le seul espoir qu’elles pourraient l’être, il fit prendre les armes à ses troupes dans la nuit du 7, et, à minuit, il livra l’assaut avec trois divisions. Il obtint le succès qu’un capitaine audacieux et entreprenant peut toujours espérer remporter sur un ennemi indécis et hésitant, car, après un rude combat, il prit, non-seulement le fort, mais il força encore Conflans à se rendre avec toute son armée.


    doit être considéré comme l’œuvre historique la plus précieuse sur l’Inde, qui ait paru dans ce siècle, soit que nous le considérions sous le rapport du style, clair et vigoureux, de la somme de renseignements qui y sont réunis et coordonnés, ou enfin de la science professionnelle.