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PONDICHÉRY RENDU PAR LE TRAITÉ DE RYSWICK

garder, en faisant la paix, les places fortes dont ils s’étaient emparés pendant la guerre. Ils avaient agi ainsi en traitant avec les Portugais, et ils espéraient que la paix avec les Français les assurerait dans la possession de leur conquête en Orient.

Pendant ce temps, Martin et ses compagnons étaient arrivés en France ; on leur avait fait une réception encourageante. Le ministre et les Directeurs prenaient également plaisir à honorer un homme qui avait accompli tant de choses avec si peu de moyens. Le roi lui conféra la dignité de Chevalier de l’Ordre de Saint-Lazare. D’un autre côté les Directeurs qui n’avaient jamais éprouvé que des pertes étaient tout émus de la description que Martin leur faisait de Pondichéry et des avantages qu’on pouvait en tirer. Ils commencèrent enfin à apprécier l’importance de cette position, jusqu’ici complètement négligée et qui, par suite de cette indifférence, était perdue pour eux. En ce moment il n’y avait rien à faire : la France combattait seule contre l’Espagne, l’Allemagne, l’Angleterre et la Hollande, et dans les Indes ces deux dernières puissances étaient des rivales heureuses. Il fallait attendre la paix pour agir.

La paix vint enfin. Le 21 septembre 1697, le traité de Ryswick fut signé. Un des articles de ce traité portait qu’il y aurait restitution mutuelle de toutes les places fortes, soit en Europe, soit au dehors ; et à la suite de cet article, une clause stipulant tout particulièrement que la forteresse de Pondichéry serait restituée dans son état actuel et que ses fortifications ne seraient pas détruites.

Pondichéry, ainsi regagné, la Compagnie résolut de ne plus le laisser échapper de ses mains. Martin fut nommé commandant de la place, et il reçut pour instructions d’ajouter encore à sa force. On convint de rembourser aux Hollandais seize mille pagodes qu’ils assuraient avoir dépensées aux fortifications. Un escadre fut envoyée à la même époque dans l’Inde, ayant à bord deux cents hommes de troupes régulières, plusieurs ingénieurs, un grand approvisionnement de munitions de guerre, plusieurs canons de rempart et de campagne et d^abondants matériaux pour l’établissement.

Dès son arrivée à destination, Martin commença son œuvre de