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LES PREMIERS FRANÇAIS DANS L’INDE

dans l’Ougli et débarqua une troupe de colons dans le village de Chandernagor. Ce village leur fut cédé par un édit d’Aurengzeb en 1688. Huit ans plus tard, Sobha Singh propriétaire de terres du Burdwan se révolta contre l’autorité du vice-roi, Ibrahim-Khan, successeur de Shaista-Khan, et ralliant à son étendard les Afîghans d’Orissa et d’autres mécontents, pilla Ougli et porta la dévastation jusqu’aux portes mêmes des établissements européens. Dans cette crise les négociants français, anglais, hollandais, insistèrent auprès du vice-roi, sur l’urgence de les autoriser à fortifier, et l’on agit en conséquence. Néanmoins les Français de Chandernagor ne tentèrent jamais d’être autre chose que des commerçants. Tous les écrivains français parlent de leur négoce comme ayant été longtemps languissant. Par lettres-patentes datées de février 1701, Chandernagor et les autres possessions françaises des Indes, Balasore, Kassimbazar, rejeton de Chandernagor, Masulipatam, furent placées sous l’autorité du gouverneur de Pondichéry. Ce ne fut qu’au bout de trente ans environ que le commerce reçut une impulsion qui fit de Chandernagor une des plus florissantes colonies de la Compagnie. Nous nous occuperons en temps et lieu de ce changement et de ses causes. La factorerie de Balasore était insignifiante et fut abandonnée de bonne heure.

On sait par ce qui précède que, de tous les lieux de l’Inde où les Français s’établirent, Pondichéry était, en 1693, le plus développé et celui qui donnait le plus d’espérances. Et Pondichéry était perdu ! Les Hollandais connaissaient bien la valeur de leur conquête. Sa situation, abritée pendant neuf mois contre la Mousson, le peu de force du ressac, l’embouchure d’une petite rivière navigable pour les bateaux plats, en faisaient un établissement supérieur à tout autre sur la côte de Coromundel. Ils résolurent en conséquence de la rendre digne d’être la capitale de l’Inde hollandaise ; leur premier soin fut d’augmenter ses ouvrages de défense. Ils bâtirent de nouveaux murs, soutenus de bastions et en firent la plus solide forteresse que possédassent les Européens dans rindoustan. Ils clierchèrent aussi à cimenter avec les indigènes des relations aussi cordiales que celles des Français. Il y avait un but vers lecpiel ils tendaient constamment ; c’était de toujours