Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/494

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
474
DERNIÈRE LUTTE

moins un an[1]. La grande préoccupation de Laily fut désormais de se procurer des vivres pour une nouvelle quinzaine. Dans ce but, il envoya prévenir le Père Lavaur qu’il allciit faire fouiller son couvent pour y prendre le blé qu’il avait des raisons d’y croire caché. La réponse fut un engagement pris par ce religieux de pourvoir à la subsistance de la garnison jusqu’au 13 janvier.

Il est plus aisé de s’imaginer que de décrire quelles journées terribles se passèrent alors, et comment l’attente de l’arrivée de d’Aché qui, au début, était un stimulant, perdit graduellement sa puissance, et finit par s’anéantir. Les Anglais n’avaient pas perdu de temps, et huit jours après la tempête, ils avaient de nouveau neuf vaisseaux prêts au cornbat, et de nouvelles batteries remplaçaient celles qui avaient été détruites. La défense était désormais impossible. Les Français n’avaient plus qu’un jour de vivre, et le 14 janvier Lally convoqua un conseil de guerre pour discuter les conditions de la reddition. Leyrit y fut invité, mais il ne s’y rendit pas, et assembla de son côté le Conseil de Pondichéry pour dresser les articles de la capitulation relative aux habitants.

Le lendemain 15, une députation de Pondichéry fut envoyée au camp anglais. Les termes proposés par Lally étaient virtuellement ceux d’une reddition sans conditions, car quoiqu’il refusât de livrer la ville parce qu’il n’avait pas qualité d’en disposer, et parce que, selon lui, les arrangements entre les deux couronnes plaçaient Pondichéry hors du risque de capture, cependant il refusait de le défendre plus longtemps et consentait à se rendre prisonnier de guerre avec ses troupes. Il stipulait seulement un traitement convenable pour les habitants, le respect des maisons religieuses et la sûreté de la mère et de la sœur de Rajah-Sahib. En réponse à ces propositions, le colonel Coote, déclinant la question d’une convention entre les deux couronnes, offrit au commandant français

  1. Il n’existe pas de preuve plus palpable de l’incapacité du gouvernement de Louis XV, que celle que donnait d’Aché par son oisiveté dans ces conjonctures. Sur la simple rumeur que le gouvernement anglais discutait un plan d’attaque contre Bourhon, le cabinet de Versailles envoya à d’Aché l’ordre de ne pas quitter cette île, ou de ne la quitter que pour fort peu de temps. Ainsi, sur un bruit vague, le ministère français n’hésita pas à sacrifier l’Inde. Il tint la flotte éloignée du point que menaçaient une armée et des vaisseaux de guerre, pour la maintenir dans un lieu qui n’était qu’hypothétiquement menacé ! (Mémoire du comte de Lally : fragments de Voltaire.)