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REDDITION DE PONDICHÉRY

des termes identiquement semblables à ceux qu’avaient offerts l’amiral Watson à Renaud, à Chandernagor, et Lally lui-même au commandant du fort David. Il stipula que la garnison et les habitants se rendraient, sans condition, prisonniers de guerre. Coote ajoutait seulement la promesse de donner à la famille de Rajah-Sahib une escorte sûre pour la conduire à Madras, et de traiter favorablement la garnison.

Le lendemain matin les troupes anglaises entrèrent dans la ville par la porte de Villenour, et le soir elles occupaient la citadelle. Les instants qui précédèrent cette prise de possession, sont ainsi racontés par l’historien anglais de cette guerre, alors membre du Conseil de Madras. Dans l’après-midi, écrit M. Orme, la garnison se rangea en armes sur l’esplanade devant la citadelle, et ayant les Anglais en face. Le colonel Coote passa la revue de cette ligne qui, en dehors des officiers commissionnés, des invalides et autres qui s’étaient cachés, s’élevait à onze cents hommes tous portant sur leurs traits l’empreinte de la famine et de la maladie. Les grenadiers de Lally et de Lorraine, jadis les hommes d’élite de l’armée, semblaient avoir le plus souffert, et cela se comprenait, car ils s’étaient prodigués à tous les services, et l’on se rappelait que depuis le jour de leur débarquement, malgré tous les dangers du champ de bataille et toutes les soufirances d’un siège, pas un n’avait déserté. En contemplant ce triste sort, qui aurait pu être le sien, le vainqueur laissa échapper un soupir de compassion. Un bandit seul eût pu y rester insensible.

Les scènes qui suivirent la reddition furent peu honorables pour les fonctionnaires franco-indiens de Pondichéry. Quand, sur l’ordre de Coote, Lally, porté sur un palanquin et entouré d’une escorte anglaise, partit pour Madras, il fut insulté par une troupe de quatre-vings individus dévoués à Leyrit, et parmi lesquels on put voir deux membres du Conseil. Ces misérables, qui avaient avoué ouvertement leur intention d’attenter à sa vie, ne furent empêchés d’exécuter leur dessein que par la présence de l’escorte. Mais quand, quelques instants après, Dubois, l’intendant du général, qui avait en sa possession de très-précieux documents prouvant la corruption qui régnait dans la ville, tenta de rejoindre son supé-