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EXÉCUTION DE LALLY

légal lui fut refusé par ses juges, et après avoir langui pendant trois ans en prison, agonie qui n’était qu’une suite de l’adversité qui l’avait poursuivi dans l’Inde, il fut convaincu, à la majorité, d’avoir trahi les intérêts du Roi et de la Compagnie et condamné à être décapité. La requête en commutation de peine que présenta le maréchal de Soubise, au nom de l’armée, ne reçut qu’un froid refus et, le 9 mai 1766, Lally, bâillonné, fut conduit en charette de sa prison à l’échafaud ! Exemple terrible du sort qui, dans la France de Louis XV, attendait ceux dont les défauts n’étaient, après tout, que ceux du genre humain, et qui, après avoir consacré toute leur énergie à leur pays, avaient le malheur de ne pas réussir. La France révolutionnaire annula la sentence portée par la France des Bourbons sur Lally et rétablit son nom à sa place dans les annales de sa patrie. Il se trouve encore quelques personnes qui, tout en déplorant une fin si prématurée et si imméritée, ne reconnaissent pas la justice de la révision de la sentence prononcée contre Lally, mais personne ne songe à s’informer du sort de ceux qui, par leur incapacité, leur corruption et leur malveillance, forgèrent la massue sous laquelle il succomba. Quant à Bussy, chez lequel il y avait tant d’avenir, et dont, jusqu’à une certaine époque, les actes furent si brillants, mais qui déserta Dupleix au temps de ses malheurs et se joignit à la cabale contre Lally, après avoir vécu dans un grand luxe, grâce à l’immense fortune qu’il avait acquise dans l’Inde[1], il ne retourna vingt ans plus tard dans le Carnate, à la tête d’une belle armée, que pour y perdre sa réputation et y mourir. La Compagnie qui, en toute occasion, s’était montrée si pusillanime, si injuste et d’un esprit si étroit, qui avait ruiné et persécuté jusqu’à la mort le plus illustre des proconsuls qu’elle eût envoyés dans l’Inde ; la Compagnie qui avait été la complice du triste sort de Lally, ne survécut pas longtemps à son exécution. Elle mourut en 1769.


    que moi de Lally. Il a lutté contre des obstacles que je croyais insurmontables, et il les a vaincus. Il n’a pas existé un autre homme dans l’Inde qui eût pu maintenir sur pied pendant aussi longtemps une armée sans solde et qui ne recevait de secours de nulle part. »

    Un autre officier anglais écrivait à Madras à la même époque : « La preuve convaincante de sa capacité, c’est d’avoir organisé une défense aussi prolongée et aussi vigoureuse, dans une place où la haine à son égard était universelle. »

  1. Non-seulement Bussy, mais Leyrit, et tous les conseillers de Pondichéry, rapportèrent des fortunes énormes.