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LA COMPAGNIE PERPÉTUELLE DES INDES

ment apporté à la situation de la Compagnie mère et qui, au bout de ces quatorze années, mit les autorités de Pondichéry à même de rentrer dans la lice et de tenter de nouveau la fortune. Jetons donc un coup d’œil sur les affaires de la Compagnie en Europe.

Nous avons déjà dit que la Compagnie avait, en 1714, sollicité le renouvellement de ses privilèges qui touchaient à leur fin. Sa triste situation était aussi bien connue du monde des affaires que du gouvernement, et l’opinion publique se prononçait avec énergie contre la concession d’un monopole, dont elle ne pouvait tirer quelque parti qu’en le cédant à d’autres. Mais les Directeurs avaient un puissant intérêt à réussir, et l’opinion publique était peu écoutée dans ces temps. Le 29 septembre 1714, un édit du roi prorogea les privilèges de la Compagnie pour une période de dix ans, à dater du 1er janvier 1715, avec la seule condition que dorénavant un dixième du produit des captures faites par les vaisseaux de la Compagnie, appartiendrait au grand amiral de France.

Durant ces dix années, les affaires de l’Inde française parurent plus que jamais condamnées à languir, peut-être même à périr faute d’aliment ; mais le 1er septembre 1715, se produisit un événement qui changea la face des affaires en France et dans ses possessions : Louis XIV mourut, laissant après lui une dette publique de deux billions quatre cent douze millions de francs, et un revenu engagé pour de longues années. La misère et la maladie décimaient la population ; le commerce et l’industrie étaient dans une stagnation complète, et la banqueroute nationale imminente. Le duc d’Orléans, cousin du roi, auquel incombait la régence, quoique ne se flattant guère du succès, était déterminé à employer tous les expédients plutôt que de recourir à une mesure aussi ruineuse que la banqueroute publique. Un mois après la mort du roi, tandis que le Régent songeait aux moyens de sortir d’embarras, un jeune Écossais vint lui déclarer qu’il savait comment sauver la France de l’abîme, et lui rendre le crédit de la prospérité.

Dans la situation où se trouvaient les finances de l’État, toute voix annonçant le salut, devait être écoutée ; quoique les détails qui vont suivre se rallachent plus spécialement à l’histoire de France, nous sommes forcés, pour faire comprendre la révolution