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RENOUVELLEMEMT DE SES PRIVILÉGES

marchands de Saint-Malo, en échange d’une rente annuelle. Ainsi lorsqu’en 1714, elle sollicita du roi le renouvellement de ses priviléges, elle était complètement incapable de s’en servir elle-même, et ne soutenait son existence languissante qu’en aliénant ses droits au profit des autres[1].

Il est facile de comprendre comment un tel état de choses réagissait sur Pondichéry. Dépourvus d’argent, ne recevant plus aucune expédition de la Compagnie, les premiers successeurs de Martin, Dullvier et Hébert, furent presque réduits à l’impuissance[2]. Peu à peu, le commerce qui s’éteignait entre leurs mains passait à d’autres compagnies, et depuis cette époque jusqu’en 1722, les affaires de Pondichéry ne cessèrent de décliner. Les dettes de Surate étaient toujours dues, et ce fait suffisait à lui seul pour nuire au crédit de la ville où le gouvernement de Surate avait été transféré. Cependant, malgré leur situation très-critique d’agents d’une compagnie banqueroutière, Hébert et Dulivier faisaient tous leurs efforts pour seconder les tentatives que les Directeurs renouvelaient de temps à autre, mais toujours en vain, dans l’espoir d’améliorer la situation. Et cependant la Compagnie avait eu, durant cette période, la chance heureuse de ne subir aucune agression des puissances indigènes, alors que l’Inde entière résonnait du bruit des armes après la mort de l’empereur Aurengzeb, arrivée en 1707, et que le Décan et la côte de Malabar étaient le théâtre de nombreuses opérations militaires. Quels avantages la France n’eût-elle pas obtenus, dans de pareilles conditions, des efforts d’une Compagnie riche et active ? Mais dans les circonstances actuelles, Pondichéry, négligé et appauvri, dut s’estimer heureux de prolonger, pendant les quatorze années qui suivirent la mort de Martin, sa misérable existence, en espérant des jours meilleurs. Cette époque ne présente que peu d’événements dignes d’appeler l’attention de l’historien. Tout l’intérêt se concentre sur le change

  1. Histoire des Indes-Orientales, par M. l’abbé Guyon.
  2. Dulivier succéda à Martin le Ier janvier 1707, mais n’occupa ce poste que jusqu’à l’arrivée du chevalier Hébert en juillet 1708. Hébert administra les affaires de la colonie jusqu’en octobre 1713. Dulivier reprit l’emploi, et au bout de deux ans il le céda de nouveau à Hébert qui fut gouverneur jusqu’au 19 août 1718. Extrait des Archives de la Compagnie, par M. Bontemps.