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LA COMPAGNIE PERPÉTUELLE DES INDES

Louisiane, dans l’Amérique du Nord, découvert en 1541 et traversé en 1682 par M. de la Salle, lui parut être un terrain convenable pour une entreprise qui assurerait à la France d’immenses avantages commerciaux et améliorerait ses finances. L’idée en elle-même n’était pas neuve. Un spéculateur nommé Antoine Crozat y avait déjà fait une tentative de colonisation, et, malgré son peu de succès, il ne se montrait pas disposé à céder ses privilèges à Law. Mais si l’idée n’était pas nouvelle, le plan proposé par Law différait singulièrement de ce qui avait été imaginé jusqu’à ce jour. Il déclarait nécessaire la création d’une Compagnie, appuyée sur un capital considérable et capable de lutter avec celles d’Angleterre et de Hollande. Ce capital ne devait pas être inférieur à cent millions divisés en deux cent mille actions de cinq cents francs, payables en bons du gouvernement. Comme ceux-ci étaient encore en grande défaveur, la proposition fut d’abord reçue avec méfiance, puis avec étonnement. Mais Law, qui ne doutait pas du succès, prétendait imprimer ainsi un nouvel élan aux bons du gouvernement et les ramener au pair.

Le projet fut rendu public en août 1717. À cette date, des lettres patentes conférèrent à la Compagnie Occidentale, comme on l’appelait, le monopole de tout le commerce de la Louisiane et du Canada, pour une période de vingt-quatre ans. Tous les droits du citoyen, du commerçant et du propriétaire territorial étaient compris dans ce privilège. La seule condition imposée élait de rendre hommage au roi de France à titre de vasselage. Mais il se passa quelque temps encore avant que Law se trouvât dans des conditions favorables à la réalisation de ce projet. Le Parlement, le président du Conseil des finances d’Argenson, et les frères Pâris se montraient, en effet, les adversaires déterminés de sa personne et des mesures qull proposait ; aussi jugea-t-il prudent d’attendre une époque où il pût agir avec la certitude du succès.

La lutte qui s’éleva à cette occasion entre le Parlement et le Régent se termina par la victoire de celui-ci. Il en profita pour réaliser une œuvre de despotisme, en publiant le 4 décembre 1718, une proclamation en vertu de laquelle la Banque générale