Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
CRÉATION D’UNE BANQUE ROYALE

devait être réunie à l’État à dater du Ier janvier 1719 sous le nom de Banque royale. Le Roi, c’est-à-dire l’État, devenait garant des billets. Ce changement s’effectua par le rachat que fit l’État des douze cents actions qui composaient le capital primitif de la Banque. Ces actions furent payées en numéraire. Or, on se rappelle qu’un quart seulement de la valeur de ces titres, avait été payé en espèces et les trois autres quarts en papier de l’État, qui s’escomptait à soixante-dix ou quatre-vingts pour cent de perte. L’opération était donc très-favorable aux actionnaires, mais on ne tarda pas à voir qu’elle ne le serait pas également pour l’État. Bientôt le papier de la Banque se multiplia tellement, que Law reconnut l’impossibilité de se conformer au règlement qui avait fait la fortune de la Banque générale, et d’après lequel le remboursement des billets, devait avoir lieu en espèces au cours de l’argent. Sous ses auspices, on décréta que dorénavant, la somme que représentait le billet, serait payée en livres tournois d’une valeur fixe et invariable, quelles que pussent être les variations que subirait l’argent monnayé. Le payement en numéraire n’était obligatoire que pour les billets d’une valeur inférieure à six cents francs. Au-dessus de ce chiffre, le banquier était libre d’échanger les billets, soit contre d’autres, soit contre des espèces à sa convenance.

Cette intervention dans le libre commerce du change, renversant l’édifice sur lequel Law avait fondé sa réputation, fut sans aucun doute une grande faute ; la Banque générale avait été une entreprise si prospère, que le public fut lent à s’apercevoir de l’erreur, et avant qu’elle fût reconnue, Law avait créé, dans toute son activité, l’opération commerciale et financière, dont l’histoire est si intimement liée à la nôtre. Nous voulons parler de la formation de la Compagnie Occidentale. Pendant que s’opérait la conversion de la Banque générale en Banque royale, Law avait pour ainsi dire abandonné à elle-même la nouvelle Compagnie Occidentale, dont les actions payées en papier déprécié, étaient tombées à moitié de leur valeur. C’est alors qu’il conçut la pensée de réunir à cette nouvelle Compagnie, l’ancienne Compagnie des Indes-Orientales, fondée par Colbert, ainsi que les Compagnies de la Chine et du