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CRISE À PONDICHÉRY

dû être prises à Chandernagor, à Balasore et dans d’autres établissements par suite du dénùment dans lequel ils avaient été abandonnés depuis la mort de Martin. Le Noir jugeant avec raison que le bon crédit est la meilleure base du succès, se décida à consacrer la plus grande partie de l’argent qu’il recevait, au payement des dettes de l’ancienne Compagnie, plutôt que de les laisser encore en souffrance, et de renvoyer des cargaisons en Europe. Il s’en suivit l’inévitable résultat que la Compagnie ne reçut en échange de ses importantes avances, qu’un retour insignifiant.

Le système de Law ayant croulé ainsi que nous l’avons vu, et le papier de la Compagnie ayant été supprimé avant la fin de 1720, elle ne possédait plus les ressources nécessaires pour faire de nouvelles expéditions dans l’Inde. Pas un seul navire ne fut envoyé, ni en 1721, ni en 1722. L’établissement de Pondichéry fut réduit à la plus affreuse pénurie pendant cette dernière année et une grande partie de la suivante. Le gouvernement local n’avait ni marchandises, ni argent, ni ressources, et devint par suite un objet de dérision pour ses rivaux, qui commerçaient dans l’Ougli et sur la côte de Coromandel ; mais ce n’était pas encore là le plus fâcheux résultat de la désorganisation des choses en France. Le Noir avait tout naturellement regardé la venue des trois navires et des fonds qu’ils apportaient comme les prémices de nouveaux arrivages. Il avait reçu des Directeurs l’assurance qu’il lui serait envoyé chaque année de semblables renforts. En prévision de l’arrivée d’une expédition en 1722, il avait fait de grands préparatifs pour ouvrir de nouveaux marchés aux cargaisons attendues. Mais il fut cruellement désappointé en ne voyant arriver ni une flotte, ni même un seul navire. Il avait engagé son crédit, et à cette époque, la prospérité du petit établissement de Pondichéry ne reposait que sur la confiance inspirée aux indigènes. Mais c’est dans de telles circonstances que le mérite d’un système de gouvernement est apprécié et porte ses fruits. Dans cette crise, les colons français recueillirent les avantages, non-seulement du système de bonne foi suivi par Martin, mais encore de l’acte honorable par lequel Le Noir avait, l’année précédente, employé les richesses qu’il recevait, à l’acquittement des dettes de la Compagnie. Les riches indigènes avec