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LA COMPAGNIE PERPÉTUELLE DES INDES

sables de tous les engagements qu’il avait contractés et de tout le papier qu’il avait émis. Les propriétés de la Compagnie furent séquestrées et une commission dont les membres reçurent le titre de régisseurs, fut désignée par le gouvernement pour diriger ses affaires. Il résulta des investigations et des annulations auxquelles cette commission dut avoir recours, qu’en 1723, la Compagnie était devenue une société particulière de commerce, au capital de cent douze millions de francs, diisé en cinquante-six mille actions de deux mille francs chacune et deux ans plus tard ce nombre fut réduit de cinq mille actions, représentant un capital de dix millions. De tous les grands privilèges concédés à la Compagnie sous l’administration de Law, il ne restait plus que l’héritage que lui avait légué la Compagnie de Colbert et le monopole des tabacs[1].

Pendant tous ces événements, la Compagnie n’avait pas oublié, au milieu de ses vastes spéculations, l’un des principaux buts de son existence. Confiante dans la permanence de sa prospérité et désirant en retirer tous les avantages possibles, elle avait équipé et expédié à Pondichéry, en 1720, trois vaisseaux richement chargés, non-seulement de marchandises européennes, mais aussi d’or et d’argent. Ces vaisseaux arrivèrent à leur destination en 1721. Le Noir, le plus capable des successeurs de Martin, avait été appelé à remplacer temporairement M. de La Provostière qui venait de mourir. C’était un marchand rusé, réfléchi, actif, entêté et bien fait pour diriger des opérations calmes et régulières, mais l’arrivée de ces trois vaisseaux le prit complètement au dépourvu. Nous avons déjà vu comment, depuis l’année 1712, la Compagnie avait été forcée de cesser son commerce et de l’abandonner pour diverses causes aux marchands de Saint-Malo. Le Noir n’était donc en aucune manière préparé à tirer parti de l’arrivée de ces navires, mais c’était cependant un événement très-acceptable. Le non-payement des dettes contractées à Surate pesait depuis longtemps sur le crédit français dans l’Inde, et d’autres obligations avaient

  1. Pour cette histoire de Law, nous avons puisé nos renseignements dans les ouvrages suivants : Law, son aystème et son époque, de Cochut ; Histoire du système des finances sous la minorité de Louis XV, de Duverney, et nous avons comparé avec ces ouvrages les nombreux édits publiés sous la Régence.