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LE NOIR EMBELLIT LA COLONIE

vertu d’un décret du Roi. L’intérêt à huit pour cent du capital ainsi réduit étant fourni par les fermiers généraux du monopole des tabacs, la Compagnie pouvait attendre des bénéfices de ses opérations commerciales, mais des charges bien lourdes pesaient encore sur elle. Elle avait dépensé des sommes énormes à Lorient dont elle avait fait un des plus beaux ports de France ; elle avait été forcée de mettre sur un pied respectable ses établissements maritimes, soit en France, soit dans l’Inde, de construire de grands navires, d’acheter des loges et des comptoirs : d’élever des magasins et de dépenser quinze millions de francs dans les marécages de la Louisiane. Cependant, jusqu’au moment où des guerres funestes par les désastres commerciaux qui en furent les conséquences ruineuses, par suite des fréquentes réquisitions de secours adressées à la Compagnie, vinrent accroître les dépenses et anéantir toute perspective de recettes, jusqu’alors la situation de la Compagnie perpétuelle des Indes était en réalité satisfaisante et pleine d’avenir, quoiqu’elle pût paraître amoindrie relativement à ce qu’elle avait été sous l’âge d’or du contrôle général de Law.

Mais revenons à la colonie. Au retour de la prospérité, le gouverneur Beauvallier avait pris à tâche d’exécuter dans la ville les travaux conçus par Martin, et demeurés depuis lors à l’état de projet. Le Noir fit mieux encore que de continuer cette œuvre. Le temps et le développement des affaires ayant amené un accroissement considérable de la population, la création d’un mur d’enceinte fut résolue. À cet effet, tous les habitants durent acquitter chaque mois, un impôt égal à une journée de leur revenu. Au bout d’un certain temps, cet impôts quoique très-modéré, avait permis d’achever l’enceinte sur trois côtés de la ville. Il était réservé à Dupleix d’élever, dans un moment de pressante nécessité, le quatrième côté qui, destiné à protéger la ville vers la mer, se trouva par cela même le plus important. Vers la même époque furent commencés les embellissements de Pondichéry ; ces travaux prirent de grandes proportions sous la direction de Le Noir et de son successeur. À l’ouest de la maison du gouvernement, fut disposé un magnifique jardin, planté de belles avenues qui devinrent des promenades publiques. Au centre de ce jardin s’éleva un palais