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LA COMPAGNIE PERPÉTUELLE DES INDES

magnifiquement meublé, destiné à servir de résidence aux princes étrangers et aux ambassadeurs. Près de ce palais était le collége des jésuites, renfermant douze à quinze prêtres, auxquels était confiée l’éducation de la jeunesse de la colonie. Il y avait aussi une maison pour les missions étrangères, habitée par deux ou trois prêtres et une autre qu’occupaient sept ou huit capucins. Une des conditions de la concession du territoire faite aux Français, avait été la tolérance pour le culte indou ; aussi dut-on conserver les deux pagodes ou temples qui existaient antérieurement. Toutes les rues furent régulièrement tracées, larges, à angles droits, et bordées de maisons se joignant sans interruption. Le côté de la ville faisant face à la mer, n’était qu’à cent mètres du rivage, et la haute marée ne s’élevait jamais à plus de deux pieds. Les plus grands navires étaient obligés de jeter l’ancrce à environ une lieue au large. Ses fortifications créées par les Hollandais, après la restauration de cette ville, et augmentées par Le Noir et Dumas, suffisaient pour tenir éloigné un ennemi indigène, mais ce fut seulement lors de la guerre 1743, que Dupleix réussit à la mettre en état de résister à une attaque européenne. La ville indigène fut séparée de la ville européenne par un canal ; les maisons de cette dernière étaient solidement construites en bois et chunam, sorte de composition faite avec des coquilles réduites en poudre et formant une pâte qui, exposée à l’air, devient aussi blanche et presque aussi dure que la pierre.

Le gouvernement de Pondichéry se composait d’un conseil suprême de cinq membres présidés par le gouverneur. Toute l’administration reposait entre leurs mains. La justice était rendue et les lois appliquées au nom du Roi, mais les conseillers et le gouverneur étaient les employés de la Compagnie qui pouvait les remplacer sans en référer au souverain ou aux ministres. Tous les officiers coloniaux, judiciaires ou autres étaient à la nomination du conseil auquel étaient également subordonnés tous les chefs des autres comptoirs ou établissements dans l’Inde. Il est curieux de lire Tétiquette observée par le gouverneur, aux premiers temps de l’occupation. Dans les grandes occasions, il était accompagné de douze gardes à cheval, vêtus d’écarlate brodé d’or et commandés