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DUMAS À PONDICHÉRY

gouvernement supérieur, et après avoir successivement rempli les fonctions de Directeur général pour la Compagnie des Indes et de Président du Conseil supérieur, il fut enfin nommé gouverneur de ces îles. Il conserva ce poste jusqu’en 1735, époque où il remplaça M. Le Noir comme gouverneur général des possessions françaises dans l’Inde[1]. Le nouveau gouverneur était un homme adroit, calculateur, prudent, nullement enclin à risquer beaucoup sans avoir en vue un résultat très-tangible, brave, résolu, jaloux de l’honneur de la France, parfaitement au fait des mœurs du pays, fidèle aux traditions de François Martin, aimant la paix et désireux par-dessus tout d’étendre par des moyens pacifiques le territoire français dans l’Inde.

Dumas réunissait donc toutes les qualités nécessaires pour pratiquer cette politique douce et paisible. Sous sa direction, Pondichéry ne perdit aucun des attraits qu’il offrait aux chefs indigènes indépendants. Peu après que Dumas eut pris possession de son poste, il se présenta une circonstance favorable pour resserrer encore les liens d’amitié qui unissaient déjà les Français au plus puissant de leurs voisins, Dost Ali-Khan, nabab du Carnate.

Sadutoulla Khan, nabab du Carnate, l’un des indigènes les plus distingués de cette époque, étant mort en 1732, son neveu et plus proche parent, Dost Ali, prit possession de la dignité vacante, sans cependant obtenir la sanction de son supérieur immédiat, le viceroi du Décan. Cette circonstance ne fut sans doute pas sans influence sur la disposition que Dost Ali montra de très-bonne heure à s’appuyer sur les Européens ; il ne tarda pas à nouer des relations très-intimes avec les colons bienveillants, hospitaliers et sociables qui s’étaient établis à Pondichéry. Il se lia d’une étroite amitié avec Dumas, en particulier ; celui-ci désirant tirer parti de cette liaison dans l’intérêt de la colonie, pressa Dost Ali de lui procurer la permission de frapper monnaie, permission que les Anglais avaient obtenue mais dont ils n’avaient pas tardé à négliger de faire usage. Le nabab transmit la requête à Delhi après y avoir joint de pres-

  1. Ce résumé des services antérieurs de M. Dumas est tiré des lettres patentes de Louis XIV en date du 4 septembre 1742 confirmant son anoblissement à l’occasion de sa rentrée en France.1