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ÉLÉVATION DES FRANÇAIS DANS L’INDE

commerce continental et sut établir des relations commerciales avec les principales villes de l’intérieur, même avec le Thibet. Suus un semblable régime, Chandernagor eut bientôt amélioré sa condition, naguère si misérable. Après avoir été le dernier des établissements européens du Bengale, il en devint, en peu d’années, le plus important et le plus florissant. Cette renaissance causa une grande satisfaction en France ; le gouvernement et les Directeurs apprécièrent, comme ils le devaient, l’avantage d’avoir pour chef de l’établissement un homme doué d’une telle confiance en lui-même, redoutant si peu la responsabilité et n’hésitant jamais à faire les avances nécessaires aux besoins publics, bien que se livrant pour son compte personnel à d’importantes affaires commerciales. Il arriva donc que sa fortune et celle de Chandernagor grandirent côte à côte. Si ses bénéfices étaient considérables, on pouvait s’assurer, en comparant le Chandernagor de 1741 au Chandernagor de 1731, que ceux de la colonie n’avaient pas grandi dans une proportion moindre que les siens propres.

M. Le Noir, après avoir auministré Pondichéry et ses dépendances pendant une seconde période qui dura neuf années, avait été remplacé le 19 septembre 1735, comme gouverneur général, par M. Benoît Dumas, alors gouverneur des îles de France et de Bourbon. Depuis la mort de Martin jusqu’à cette époque, les relations entre Pondichéry et les chefs indigènes n’avaient que peu varié ; mais avec la venue de Dumas parurent les premiers symptômes d’un nouvel ordre de choses. Ce changement ne doit pas être attribué au caractère personnel de ce nouveau fonctionnaire ; il fut le résultat des événements dont la province du Carnate allait devenir le théâtre. Il est conséquemment nécessaire que nous entrions dans quelques détails sur les faits se rattachant au gouvernement de Dumas.

Dumas était âgé de dix-sept ans lorsqu’il entra, en 1713, au service de l’ancienne Compagnie des Indes et fut immédiatement envoyé à Pondichéry. Il y fit preuve de tant de capacité et d’aptitude aux affaires qu’au bout de cinq ans, on le nomma membre du Conseil supérieur, et en juin 1721, avocat général. Il fut ensuite envoyé aux îles de France et de Bourbon, comme membre du