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SUFDER-ALI VISITE PONDICHÉRY

neur de Pondichéry par des preuves de son estime plus sérieuses que de vaines paroles. Avec l’avis de sa prochaine arrivée dans les murs, il lui avait fait parvenir les titres d’une donation personnelle, lui concédant la propriété de terres limitrophes des possessions françaises de Pondichéry, et dont le revenu s’élevait à dix mille roupies. Cette concession fut ensuite ratifiée par un fîrman de la cour de Delhi.

Au bout de quelques jours, les visiteurs quittèrent Pondichéry. Sufder-Ali emmena sa famille à Arcate ; Chunda-Sahib, laissant encore sa femme et son fils, retourna seul à Trichinopoly. C’est de ce côté que doit maintenant se porter notre attention.

Les soins que Dumas ne cessa d’apporter au perfectionnement des fortifications et à la réunion d’approvisionnements considérables, prouvaient assez que le départ des Mahrattes ne le tranquillisait guère pour l’avenir. Il est même probable qu’il avait fait part à Chunda-Sahib de ses inquiétudes à ce sujet, et lui avait conseillé de laisser encore à Pondichéry sa famille et ses richesses. Cependant, celui-ci n’eut pas plutôt regagné sa capitale, qu’il agit comme si une seconde invasion des Mahrattes n’était pas à redouter. Lors de la première, il avait pris soin d’emmagasiner des grains, dans la conviction que la ville, bien approvisionnée, était d’ailleurs assez forte pour résister indéfiniment aux Mahrattes. Mais après son retour de Pondichéry, et comme s’il eût été assuré de la paix à l’avenir, il vendit ses grains, et loin de penser qu’il pût avoir à défendre son territoire actuel, il forma le dessein de l’accroître ; dans ce but, il envoya son frère Bara-Sahib à Madura. Ceci se passait à la fin de novembre. Raghogi qui, à la tête de ses Mahrattes, ne s’était pas retiré au delà de Schevagunga à environ quatrevingts milles au Sud de la capitale, fut bientôt informé des mouvements de Bara-Sahib et de la vente des grains qui approvisionnaient Trichinopoly. Il n’attendait que cette occasion. Sans perdre une heure, il rassembla ses troupes, se dirigea à marches forcées sur Trichinopoly et campa devant la ville avant que Chunda-Sahib eût pris la moindre mesure pour sa défense.

Quoique surpris de la sorte, Chunda-Sahib ne résolut pas moins de lutter avec courage. Il comptait sur son frère et lui envoya l’avis