Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
ÉLÉVATION DU POUVOIR FRANÇAIS DANS L’INDE

de venir promptemont a son secours. Bara-Sahib se rendit à son appel ; il réunit à la hâte des approvisionnements de toute nalure et les dirigea vers Trichinopoly, les escortant lui-même, à la tête de trois mille cavaliers et de sept mille fantassins. Mais les Mahrattes, informés de tous ses mouvements, envoyèrent contre lui un corps de vingt mille hommes. La rencontre eut lieu à quinze railles de la ville ; elle fut terrible. Bara-Sahib combattit avec l’énergie du désespoir. Il fut frappé et renversé de son éléphant ; ses partisans, n’étant plus stimulés par sa présence, se débandèrent et prirent la fuite. Le corps de Bara-Sahib, qui fut retrouvé sur le champ de bataille, fut revêtu de riches étoffes et envoyé à Chunda-Sahib pour lui montrer combien était vaine l’espérance qu’il fondait sur l’aide de son frère.

Ainsi réduit à ne plus compter que sur lui-même, Chunda-Sahib continua néanmoins à déployer une inébranlable résolution et un courage admirable. Enfin, après trois mois d’une défense héroïque, à bout de vivres et d’argent, privé de ses meilleurs soldats, il n’eut plus qu’à se soumettre. La seule grâce qu’il put obtenir de ses ennemis, fut d’avoir la vie sauve. Les tranchées avaient été ouvertes le 15 décembre, et ce fut le 21 mars qu’il dat se rendre. On l’envoya sous bonne escorte à Sattara. Les Mahrattes confièrent le gouvernement du royaume à Morari-Rao, et laissèrent à sa disposition un corps de quatorze mille hommes.

Cependant, depuis qu’il assiégeait Trichinopoly, Raghogi n’avait pas cessé de menacer Dumas. Ses exigences allaient toujours croissant. Il demandait maintenant le payement immédiat de six millions de roupies (deux cent quatorze millions de francs), un tribut annuel et régulier et la remise de la femme et du fils de Chunda-Sahib, avec leurs éléphants, leurs chevaux et leurs bijoux. À ces demandes, Dumas ne répondit que par un ferme refus. Il prit cependant la précaution d’envoyer aux îles de France et de Bourbon un messager exprès pour demander Texpédition immédiate de tous les hommes dont on pourrait se passer, alin de renforcer sa garnison. D’un autre côté, le Mahratte était résolu à l’intimider. Dans ce but, pendant qu’il était encore devant Trichinopoly, il avait détaché seize mille hommes pour ravager la côte. Ces soldats