Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
ÉLÉVATION DU POUVOIR FRANÇAIS DANS L’INDE

Cognac avait donné aux Français une alliée contre laquelle il n’avait pas plus de pouvoir qu’un enfant. Il fallait avoir recours à tous les moyens pour obtenir ces liqueurs, et l’on reconnut qu’il n’y avait pas d’autre voie pour y parvenir que d’entrer en relations amicales avec Dumas. Après de longs pourparlers, cet impérieux désir amena finalement une pacification. Raghogi fut si ravi d’un présent opportun de trente bouteilles de liqueurs, qu’il fut bientôt disposé à oublier sa haine contre les Français. Il interdit tout pillage aux environs de Pondichéry et prêta une oreille plus complaisante aux rapports qui lui affirmaient qu’en attaquant Pondichéry il avait tout à perdre et rien à gagner. Il retira donc les demandes faites pour le payement d’une somme déterminée et d’un tribut, ainsi que pour la remise entre ses mains de la famille de Chunda, et, fortifié par le cordial, il se retira sans plus de démonstrations vers la côte occidentale.

L’expédition contre Mahé n’eut d’autres résultats qu’un blocus de huit mois auquel M. de La Bourdonnais mit fin ainsi que nous le rapporterons bientôt.

La conduite de Dumas dans ces événements, son refus ferme et absolu de livrer ses hôtes, le sang-froid qu’il avait opposé aux menaces du vainqueur de Trichinopoly lui valurent parmi les nations de l’Inde méridionale, la réputation d’un héros. Les félicitations et les remercîments lui arrivaient en foule de tous côtés. Le soubab du Décan, Nizam-oul-Moulk, lui écrivit une lettre de remercîments conçue dans les termes du plus profond respect et lui offrit en même temps un habit d’honneur. Comme marque d’estime, Sufder-Ali lui envoya l’armure enrichie d’or et de pierres précieuses qui avait appartenu à son père Dost-Ali, avec trois éléphants, plusieurs chevaux, un grand nombre d’épées et d’armes ornées de pierreries ; son ministre favori fut chargé de porter ces présents en même temps qu’une lettre de Sufder-Ali. L’empereur de Delhi, Mahomed Shah, en apprenant le succès de la résistance opposée par Dumas à la présomption des Mahrattes lui conféra le rang et le titre de nabab, avec le commandement de quatre mille cinq cents hommes, dont deux mille seraient spécialement attachés à son service personnel en temps de paix sans qu’il eût