Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/204

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aurait la douceur d’une sinécure temporaire. Il tablait sur le prestige de sa haute naissance pour esquiver des obligations désagréables. L’étiquette ne nous commande-t-elle pas de n’adresser la parole aux grands que s’ils nous ont interrogés les premiers ? Camille escomptait la réserve de ses compatriotes.

Il fut cruellement détrompé.

Depuis de longues années, Mlle Pulchérie, Mlles Zoé et Anaïs Planchin, et beaucoup d’autres, avaient suivi d’un œil maternel le développement, la croissance du joli enfant — dauphin précieux et choyé — qui succéderait un jour à M. le magister. À cette époque, Camille avait un visage de petite fille et de belles boucles brunes qui tombaient jusqu’à sa ceinture. Au fur et à mesure que sa taille s’allongeait, au rebours de ses cheveux — qu’il coupait un peu plus courts, chaque saison — les regards de ces demoiselles se faisaient moins maternels ; elles jouaient à la jeune fille avec ce gamin qui avait grandi. Elles se figuraient qu’il avait rattrapé leur âge : les femmes oublient souvent de vieillir.