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Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/206

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Malgré ses penchants railleurs. Lily était fort touchée de la conduite du jeune Champion.

On a souvent donné à une femme la preuve d’amour qui consiste à manifester une abstention méritoire devant les rivales les plus subjugueuses. Par contre, peu de belles peuvent se vanter d’avoir inspiré le dévouement opposé : vaincre une tentation n’est rien ; contraindre ses répugnances est un sacrifice immense.

Lily se sentait attendrie. Elle ressemblait à ces élégantes raffinées qui se sont dit un soir : « Allons au théâtre de l’Ambigu pour rire du drame à notre aise. » Et qui, une fois installées, gagnées par les péripéties du mélo, pleurent avec autant de conviction que les petites ouvrières juchées aux troisièmes galeries. Lily ne ricanait plus en songeant à Camille Champion.

Elle le plaignit sincèrement :

— Mon pauvre Camille, vous vous êtes embarqué sur une drôle de galère…

— C’est atroce.