Aller au contenu

Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lily l’avait écouté, en extase. Elle murmura, presque incrédule :

— Je m’évaderais enfin de ce bagne ; je vivrais donc heureuse, aimée, estimée… Ce serait inespéré !

Soudain, changeant de ton, elle s’écria, avec volubilité :

— Vite… Vite… Habillez-vous, sauvez-vous ; volez à Montfleuri, obtenez de l’argent d’un banquier, d’un homme d’affaires, voire d’un usurier ; louez une voiture et attendez-moi au pied de la colline. Je me charge de dissimuler votre fuite… mais, pour Dieu, Camille, risquons tout au monde afin de jouir du bonheur imprévu que vous venez de me faire entrevoir !

Elle s’était précipitée sur Camille, l’arrachait de son lit, l’aidait à se vêtir — avec la gaucherie fiévreuse des gens qui se pressent. Des paroles entrecoupées sortaient de ses lèvres tremblantes :

— Dépêchez-vous… Où est votre veston ?… Ah ! l’empoté !… Et les autres qui vont arriver, sapristi !