Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/137

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Et elle plaisanta :

— Faut-il que je reprenne l’uniforme des boys pour que vous me rendiez votre confiance et votre amitié ? Vous n’êtes plus la même avec moi.

Laurence devint toute rouge. Elle balbutia :

— Que voulez-vous dire ?… J’ai la même sympathie et la même reconnaissance pour vous, miss Arnott… Si je suis moins expansive, n’attribuez mon changement qu’à la tristesse fort compréhensible qui m’accable.

Ses paroles sonnaient faux. Mais Bessie n’insista pas, comprenant qu’elle n’obtiendrait rien de plus. Sa curiosité et son inquiétude redoublaient.

Arrivées rue Vaneau, Laurence l’invita à monter avec elle. Miss Arnott accepta, décidée à étudier obstinément Mlle d’Hersac jusqu’à ce qu’elle surprît le secret de sa conduite étrange.

Mais, en entrant dans l’appartement, la stupeur qu’éprouva Bessie à la vue du mobilier démembré, du décor lamentable qui racontait éloquemment le désastre des héritiers en deuil. changea le cours de ses réflexions. Le froid stoïcisme de Laurence l’impressionnait intensément. Elle pensa, avec l’ardeur de son cœur juvénile : « Dignified girl !… Je voudrais faire quelque chose pour elle… the great benefit… La bonne et belle action, digne d’elle. »

Ces enthousiasmes sont fréquents entre jeunes filles du même âge, quand l’une s’impose par son exemple à l’imagination de l’autre.

Laurence ouvrit la porte de sa chambre et