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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/151

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« Vous partirez pour sauvegarder vos biens, » votre bonheur ; pour retrouver à la fin de la guerre votre foyer épargné, accueillant et réconfortant. C’est pour cela que vous vous battez ! »

François voyait sa mère morte, sa sœur désemparée, la maison dénudée de ses meubles vendus : foyer épargné !…

Alors, rassemblant ses dernières forces, le jeune homme tendit les bras en avant et cria d’une voix haletante :

— Non !… Ce n’est pas pour ça qu’on se bat : on se bat tout simplement parce qu’on est de braves bougres !

Puis, il retomba sur son traversin. On accourut.

Le sous-lieutenant François d’Hersac venait d’expirer.

XXII

« Aux armées, 13 octobre 1917.
« Mademoiselle,

« Depuis quelques jours, j’ai de mauvais pressentiments : c’est sous leur influence que j’écris ces lignes. Si elles vous parviennent, c’est que je serai tué. Je souhaite que vous ne les lisiez jamais, car j’ai le réel désir de vivre : je possède assez de courage pour ça. Mais j’ai tenu, au cas où l’accident m’arriverait, à faire une dernière fois appel à votre cœur en vous priant de bien vouloir prévenir ma sœur avec les ménagements nécessaires.

Suivi de ses hommes, François d’Hersac se rendait à son nouveau poste d’observation.