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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/154

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son être portait l’empreinte des origines ancestrales.

Et Bessie comprenait la beauté d’une race artiste affinée par vingt siècles d’histoire.

En regard, elle récapitulait les étapes rapides de son jeune pays depuis cent cinquante ans qu’il s’est fondé, comme une exception dans l’histoire du monde. Ses progrès foudroyants dans le domaine de la science. Sa littérature improvisée, originale, reflétant nettement le caractère américain. Sa civilisation spontanée, d’abord fruste et gauche, puis améliorée par une application intelligente. Bessie constatait avec orgueil que l’Américaine d’aujourd’hui diffère à peine d’une patricienne moderne de la vieille Europe. Ce résultat, dû aux unions mixtes contractées dans ce but, ne fallait-il pas l’encourager encore depuis qu’un conflit gigantesque soudait l’un à l’autre l’Ancien et le Nouveau Monde devant le péril des Barbares ?

En attendant la société des nations, l’avenir des États-Unis ne consiste-t-il pas à absorber les races latines en décroissance pour les revivifier d’un sang neuf et créer une nouvelle Europe forte d’une fusion anglo-latine qui deviendra sa défense contre ces deux clapiers trop prolifiques d’où sortent les Slaves innombrables et les Germains envahisseurs ?

Bessie murmura :

It must be done !

Ainsi, par une tournure d’esprit bien nationale, elle raisonnait et s’expliquait le penchant de Jack Warton à un point de vue tout cérébral.

À cet instant, Laurence lui dit avec inquiétude :

— Je suis très anxieuse… voilà six jours que je n’ai reçu de lettre de François… Je sais bien